Centrafrique : les réfugiés soudanais face au risque d’une épidémie de rougeole

Des enfants font la queue pour recevoir une dose des vaccins contre la rougeole et d'autres maladies dans la ville de Birao. République centrafricaine. Juillet 2023.
Des enfants font la queue pour recevoir une dose des vaccins contre la rougeole et d'autres maladies dans la ville de Birao. République centrafricaine. Juillet 2023. © MSF/Vivien Ngalangou

Des milliers de Soudanais ont fui les combats qui ont lieu dans leur pays et se sont réfugiés dans le nord de la République centrafricaine (RCA). Dans la ville de Birao, MSF a organisé une campagne de vaccination, pour lutter notamment contre la rougeole en freinant la propagation de cette maladie potentiellement mortelle.

« Les conditions de vie précaires dans lesquelles vivent les réfugiés, la promiscuité au sein du camp et la pression accrue sur les ressources locales sont des facteurs qui peuvent favoriser la propagation des maladies », explique Nathanael Mwamba, responsable médical de l’équipe d’urgence MSF.

Selon l’Onu, 13 800 personnes sont arrivées en RCA après le déclenchement de la guerre  au Soudan à la mi-avril : ce sont pour la plupart des réfugiés soudanais, mais aussi des ressortissants centrafricains, qui avaient fui leur pays précédemment. Parmi eux, 1 200 se trouvent dans la ville de Birao.

« Au début, lorsque le conflit a éclaté entre l'armée et les forces paramilitaires le 15 avril 2023, j'ai pensé qu'une solution rapide serait trouvée, explique Adam, âgé de 64 ans. Mais devant l'ampleur des combats à Khartoum et dans d'autres régions, j'ai pris la décision de protéger ma famille des atrocités. Nous avons donc traversé la frontière. »

De même, Awa, 50 ans, a pris la fuite pour protéger ses fils. « Je suis ici avec mes deux garçons les plus âgés - l'un a 16 ans et l'autre 18 ans. Comme ils sont adolescents, j'avais peur de les perdre ou qu'ils soient emmenés de force au combat, c'est pourquoi j'ai décidé de les faire sortir du Soudan. Nous avons parcouru les 250 km entre Nyala et Am-Dafock sur une moto à trois roues et le reste du trajet jusqu'à Birao dans un camion du HCR. Depuis, je pense beaucoup à mes quatre autres enfants qui sont restés au Soudan avec leur oncle maternel. »

Campagne vaccinale

Suite à une alerte d’épidémie de rougeole, signalée avant même l’arrivée des réfugiés, une campagne de riposte vaccinale a été organisée entre le 6 et le 10 juillet. Pendant cinq jours, les équipes MSF ont vacciné quelque 7 000 enfants de Birao, âgés de six mois à 15 ans, contre la rougeole et d’autres maladies.

Une famille soudanaise attend une consultation médicale dans le camp de la ville de Birao. République centrafricaine. 2023.
 © MSF/Vivien  Ngalangou
Une famille soudanaise attend une consultation médicale dans le camp de la ville de Birao. République centrafricaine. 2023. © MSF/Vivien Ngalangou

« En plus de la rougeole, nous avons inclus d’autres antigènes contre le pneumocoque, le tétanos ou la diphtérie, poursuit Nathanael Mwamba. Il est essentiel que ces enfants soient protégés contre ces maladies évitables, qu’il s’agisse de réfugiés nouvellement arrivés ou d’enfants centrafricains qui peuvent avoir des difficultés d’accès aux soins ou à la vaccination. »

L’équipe d’urgence de MSF en RCA a également mis en place un poste de santé dans le camp de réfugiés de Birao, en mettant l'accent sur la prise en charge pédiatrique. En moyenne,- 200 enfants sont reçus en consultation chaque semaine pour des maladies telles que des infections respiratoires aiguës, le paludisme ou des parasitoses intestinales.

MSF fournit également un soutien en matière de santé mentale, car de nombreux réfugiés ont subi des violences, la perte d’un proche ou des traumatismes. Entre le 12 mai et le 10 juillet, MSF a effectué 1 154 consultations médicales et sensibilisé 1 463 personnes à la santé mentale.

Un appui est également apporté à l’hôpital de district de Birao. Les capacités d’accueil sont renforcées pour prévenir un éventuel afflux de blessés et les cas graves sont stabilisés puis référés vers la capitale centrafricaine, Bangui, par avion afin de bénéficier de soins plus spécialisés.

La plupart des 13 800 réfugiés se trouvent encore dans la ville frontalière d'Am-Dafock, pour rester au plus près de leurs proches restés au Soudan. Cette localité est toutefois difficilement accessible pour les organisations humanitaires.

Notes

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