D'autres pays ont opté pour une stratégie décentralisée : les cas positifs, qui ont des symptômes mineurs font de l'auto-isolement, c’est-à-dire qu’ils s'isolent chez eux, comme au Nigeria par exemple. Les cas modérés et sévères sont sous oxygénothérapie ou avec une ventilation mécanique pour les cas critiques, dans des unités de soins dédiés.
Je ne suis pas certain que le confinement soit une stratégie adaptée pour l'Afrique subsaharienne. Je pense que les mesures barrières, la distanciation sociale, le respect des mesures sanitaires sont plus adaptés dans le contexte africain, plutôt que de faire un “copier/coller” du modèle européen avec un confinement total.
Quelle est la situation dans des pays particulièrement fragilisés ou éprouvés par des conflits ?
Les pays où la situation m'inquiète particulièrement sont le Burkina Faso, le Nord-Est du Nigeria, le Niger, le Mali, où il y a beaucoup de personnes déplacées. Une pandémie de coronavirus dans des camps de déplacés, comme par exemple dans le Borno au Nigeria ou au Burkina, risque d'être catastrophique parce que ces personnes sont vulnérables et vivent déjà dans des conditions de précarité extrême, parfois entre 8 à 10 personnes sous une tente et avec un accès à l’eau plus que réduit. Dans ces conditions, c’est impossible de se laver fréquemment les mains ou de respecter la distanciation sociale.
L’autre problème, ce sont les zones difficilement accessibles. Au centre du Mali et dans le nord du Burkina Faso par exemple, la situation sécuritaire s'est dégradée depuis l’an dernier, et nos équipes ont des difficultés à s'y rendre. Pour l'instant, ces zones paraissent épargnées par le Covid-19, on peut supposer que la difficulté d'accès fait que les gens ne s’y déplacent pas et qu'elles sont de fait pour l’instant protégées. Mais qu'adviendrait-il des personnes y vivant loin de tout établissement de santé, si elles venaient à être infectées par le virus ?