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Coronavirus en Grèce : dans le camp surpeuplé de Samos, la peur de la contagion

Le camp est construit sur des champs d'oliviers
« Le camp est construit sur des champs d'oliviers qui dominent la ville » explique Antonin Acquarone.  © Anna Pantelia/MSF

8 000 personnes sont bloquées dans le camp de réfugiés de Samos, en Grèce. Elles vivent les unes sur les autres, dans des conditions extrêmement précaires. Antonin Acquarone, responsable de la promotion de la santé pour MSF, témoigne de ces conditions de vie indignes et de l'impact de l'arrivée du Covid-19.

« Il y a toujours beaucoup de bruit dans le camp. Mais un bruit revient régulièrement : le haut-parleur qui donne les informations administratives pour les demandeurs d'asile. Depuis peu, les haut-parleurs émettent également les messages de prévention contre le coronavirus. Ils représentent un bruit constant qui fait partie de la vie quotidienne des gens. Et puis, il y a le bruit de la nature car le camp est au milieu de champs et en contrebas de la forêt. On entend le vent, les oiseaux, les arbres qui bougent. Mais surtout il y a le bruit des gens qui habitent ici. Dans toutes les langues. Des gens qui chantent, qui pleurent, qui discutent. Dès qu'on entre dans le camp, c'est assez saisissant car on est assailli par tous ces sons.

Le camp est divisé en deux parties. Il y a la partie centrale que l'on appelle le camp officiel, qui est barbelé et tenu par le ministère de la Migration. Les barbelés sont ouverts car les gens ont fait des trous dedans. Tout le monde peut entrer et sortir. Dans cette partie, on trouve les personnes les plus vulnérables. Et autour, dans la partie où je me trouve, il y a la jungle. En résumé : tous les gens qui n'ont pas de place dans le camp se trouvent autour.

Le camp est prévu pour 600 personnes et en compte déjà 1 200. Et le nombre total de réfugiés sur l'île de Samos est de 8 000. Donc les gens s'installent dans la jungle, entassés dans des tentes, collées les unes aux autres pour être le plus près possible du camp officiel où ont lieu les distributions de nourriture. MSF y a installé l'accès à l'eau potable et des latrines. Mais les conditions restent extrêmement précaires. 

Les tentes sont construites à flanc de colline, bricolées à partir des matériaux trouvés alentour : bâches, carton, planches de bois. Un patchwork d'habitations et de couleurs… au milieu des déchets. Il n'y a pas de système de collecte. Les déchets forment des montagnes à certains endroits, qui attirent les rats. Des rats plus gros que des chats. Ils s'attaquent aux habitants du camp. Il y a aussi beaucoup de serpents, surtout en cette saison car il commence à faire plus chaud.

Vue de la jungle, la partie non-officielle du camp de Samos. Ses allées de tentes et de déchets.
 © MSF/Dora Vangi
Vue de la jungle, la partie non-officielle du camp de Samos. Ses allées de tentes et de déchets. © MSF/Dora Vangi

C'est dans cet univers que nous travaillons. Avec l'équipe de promotion de la santé, nous sommes là tous les jours. Evidemment, nos activités ont été bouleversées par l'arrivée du coronavirus. On a dû s'adapter. 

Nous faisons actuellement une distribution de nourriture directement dans les tentes pour les personnes les plus vulnérables. Avec l'arrivée du coronavirus, il y a beaucoup de gens qui ont peur de sortir de leur abri et qui ne vont plus faire la queue pour la distribution de nourriture. Ils s'affament. La police est juste à côté de nous parce que les accès au camp sont de plus en plus limités. Pour l'instant, les gens peuvent encore sortir mais ça devient de plus en plus compliqué pour eux d'aller en ville pour faire des courses ou recevoir des soins. Nous avons donc augmenté nos activités ici. 

Mohamed, 3 ans, et sa famille vivent dans une tente sans électricité. Parmis les 8 000 personnes du camp, 2 500 d'entre elles sont des enfants.
 © Anna Pantelia/MSF
Mohamed, 3 ans, et sa famille vivent dans une tente sans électricité. Parmis les 8 000 personnes du camp, 2 500 d'entre elles sont des enfants. © Anna Pantelia/MSF

Nous faisons une réunion avec les leaders communautaires toutes les deux semaines environ. C'est important pour discuter des problèmes qu'ils rencontrent et plus spécifiquement en ce moment du coronavirus. Nous faisons passer les messages de sensibilisation : comment se protéger, quels sont les symptômes, que faire lorsque ces symptômes apparaissent. Mais c'est très compliqué de se protéger du coronavirus notamment car l'accès à l'hygiène personnelle y est assez limité. Même si on distribue du savon, les lieux de douche restent collectifs et il est impossible de maintenir la distanciation sociale. Il faut imaginer 8 000 personnes vivant au même endroit. Et les enfants qui courent partout. »

© Kristof Vadino

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