Le fait que la Covid-19 soit dangereuse et potentiellement mortelle est parfois venu se connecter à un premier trauma, une première expérience liée à la mort. Alors même qu’ils ne faisaient pas partie des populations dites « à risques », certains ont développé une peur démesurée de mourir de la Covid-19. Les rues vides et cette ambiance de « fin du monde » ont pu renvoyer à leur propre angoisse d’anéantissement. Finalement, dans un contexte marqué par les incertitudes, très changeant, il était important pour les psychologues de MSF et du Comede, mais aussi pour l’ensemble de nos équipes, de montrer à ces jeunes que les liens entre eux et nous continuaient malgré tout de tenir. Souvent, dans leur pays et sur la route, les contextes changeants ont entraîné chez eux un balayement des liens, notamment avec la perte de proches. Il fallait leur démontrer qu’ici ça ne serait pas le cas.
Enfin, il ne faut pas oublier que ces jeunes sont pris dans un recours administratif et juridique devant le juge des enfants pour faire valoir leur minorité et donc dans une sorte de compte à rebours de l’âge. Ils ont pu avoir la sensation de perdre leur temps sans compensation, car les tribunaux ne pouvaient plus recevoir.