Samos/Athènes : Chaque semaine depuis seize mois, Guhdar Younis se rend au bureau d’immigration de l’île grecque de Samos afin de savoir si lui et sa famille se sont enfin vu octroyer un permis de séjour quelque part en Europe.
« Et chaque fois que j’y vais pour demander où en est notre situation… en espérant tirer un peu d’espoir de toute cette misère, raconte ce père kurdo-irakien de quatre garçons et deux filles, je ne reviens qu’avec de mauvaises nouvelles. »
La semaine dernière a été particulièrement éprouvante pour cette famille, qui n’en peut plus de vivre dans des conditions de quasi-détention au sein du hotspot pour demandeurs d’asile de Samos, et dont les enfants attendent avec impatience de pouvoir sortir.
« Je suis revenu au conteneur dans lequel nous vivons pour leur apprendre la mauvaise nouvelle. Ils m’attendaient dans le lit, blottis les uns contre les autres comme des petits lapins, les yeux pleins d’espoir. »
« Je leur ai dit que notre demande d’asile en Grèce avait été rejetée pour la seconde fois. Ils ont tous fondu en larmes », explique-t-il.
Guhdar s’inquiète particulièrement pour son fils aîné, qui a tenté de se suicider l’an dernier. Quand il a appris la nouvelle, il a dit à son père : « On ferait mieux de tous mourir ». Avec sa femme de 46 ans, Jihan, et leurs six enfants, ils sont arrivés en Grèce à la fin 2016, après avoir été dupés par un passeur qui leur a dit qu’il les ferait passer de Turquie en Italie.
Comme quelque 10 000 autres demandeurs d’asile, ils se sont retrouvés bloqués sur l’une des îles grecques. Ces personnes rejoignent les côtes européennes dans l’espoir de reconstruire leur vie en sécurité, mais la seule réponse de l’Union européenne a été de fermer ses frontières.
Selon les Nations unies, il y avait en janvier 2018 quelque 1 700 demandeurs d’asile à Samos, dont plus des deux tiers en provenance de Syrie, d’Irak et d’Afghanistan. Les femmes et les enfants comptent pour près de la moitié d’entre eux, et près d’un tiers présentent des besoins particuliers.