Les équipes MSF continuent de se relayer à l’hôpital Shifa. Elles ont commencé à venir en aide au personnel du ministère de la Santé palestinien après que l’armée israélienne a lancé l’opération « Bordure protectrice », le 8 juillet dernier. Et les chirurgiens se succèdent. Maurice, chirurgien thoracique, revient tout juste de Gaza. « J’ai opéré, dit-il, des patients souffrant de blessures thoraciques ou abdominales. Ce sont généralement des blessures par éclats, mais des petits éclats de moins d’un centimètre peuvent tout déchirer et causer des plaies massives au poumon. Plus de la moitié des patients que j’ai opérés étaient des femmes et des enfants. »
Deux autres chirurgiens MSF sont en ce moment à l’hôpital Shifa. Ils opèrent des patients brûlés qui ont besoin de multiples interventions, ils font de la chirurgie plastique, des greffes de peau… Et sont aussi sollicités pour des opérations difficiles ou longues. Car l’hôpital Shifa qui a une capacité de 600 lits reçoit des patients de toute la bande de Gaza. Il dispose de six salles d’opération, d’une unité de soins intensifs où les grands brûlés sont pris en charge, d’un service d’urgences... Le personnel médical palestinien est nombreux et très expérimenté mais plusieurs hôpitaux de Gaza ont été détruits ou endommagés. Et la charge de travail est telle qu’un soutien extérieur est toujours nécessaire.
Entre le 28 juillet et le 10 août, MSF a eu trois équipes chirurgicales à l’hôpital Shifa. L’activité était intense au moment de l’offensive terrestre, avec les afflux de blessés incessants. Les urgences étaient débordées comme les blocs opératoires : 30 à 40 patients très grièvement blessés arrivaient par jour.
« Beaucoup de patients souffraient de multiples blessures causées par des explosions : des blessures thoraciques, vasculaires, aux membres, explique Kelly, médecin anesthésiste qui a travaillé près de quatre semaines à Gaza. Une personne se trouvant à proximité d’une explosion est brûlée par la chaleur, le souffle détruit ses poumons, des projectiles pénètrent dans son corps. Et l’onde de choc peut pulvériser les os des jambes d’une personne qui se tient debout. Il faut alors amputer les deux jambes. C’est terrible, mais il n’y a pas d’autre solution. »
En un mois et demi, MSF a envoyé 37 expatriés à Gaza : chirurgiens, médecins, infirmières, administrateurs, coordinateurs de projet… Aujourd’hui deux chirurgiens, deux anesthésistes et une infirmière en soins intensifs travaillent à l’hôpital Shifa. A Gaza ville, MSF a aussi une clinique de soins post-opératoires que supervise une infirmière expatriée. Les patients qui ont subi une opération viennent là pour les changements de pansements et pour faire de la rééducation avec un kinésithérapeute.
Dans la clinique, l’activité a aussi été très dépendante de l’intensité des attaques. Au plus fort de la guerre, la clinique été fermée 11 jours. Il était impossible pour les patients de se déplacer. De même, MSF ne pouvait envoyer une voiture les chercher. Puis l’équipe a mis à disposition des kits de pansements pour ceux qu’elle arrivait à recontacter. Et quand la clinique a rouvert, 20 à 40% des patients ont pu venir. Mais l’équipe n’a pas réussi à retrouver la trace de plusieurs patients.
Maintenant la clinique ne désemplit pas. « C’est une ruche, note le Dr Abou Abed, le médecin traitant. En plus des anciens patients, nous prenons en charge les nouveaux patients qui ont été blessés durant la guerre. Nous en avons reçu plus de 100 entre le 1er juillet et le 25 août. »
L’aide médicale apportée à Gaza revêt diverses formes. MSF a aussi fait des donations de médicaments et de matériel médical à la pharmacie centrale de Gaza, ainsi qu’aux hôpitaux de Shifa à Gaza ville, Nasser à Khan Younis et Kamal Edwan à Beit Lahiya. Et plus importante encore peut-être a été la collaboration fructueuse entre équipes MSF et équipes du ministère de la Santé palestinen. Avec le blocus qui coupe toute la population de Gaza du monde extérieur, le personnel médical palestinien est privé de la possibilité d’échanger avec d’autres collègues à l’extérieur, d’aller faire des stages ou de suivre des congrès spécialisés. De ce fait, il a apprécié que les équipes MSF lui fassent connaître des techniques nouvelles et lui montrent des pratiques anesthésiques, chirurgicales, ou médicales.
Le personnel MSF à Gaza comprend actuellement 40 Palestiniens et 10 expatriés. MSF qui est également présente en Cisjordanie, mène un programme de soutien psychologique dans les gouvernorats d’Hébron et de Naplouse