Depuis des mois, nos patients de la clinique MSF de Samos se rendent à leur consultation avec la peur d'être enfermés dans ce centre. Ils se sentent complètement abandonnés et impuissants. La majorité d’entre eux présentent des symptômes de dépression et de stress post-traumatique. Entre les mois d'avril et d'août 2021, 64 % de nos nouveaux patients ont dit avoir des pensées suicidaires et 14 % présentaient un risque réel de passage à l’acte.
Pour ceux qui ont survécu à la torture, fréquente sur les routes migratoires, être installés dans cette prison à ciel ouvert signifie qu’ils vont perdre une partie de leur liberté, mais également qu’ils vont être replongés dans leurs expériences traumatisantes. Nous travaillons avec des personnes qui sont les premières victimes du durcissement des politiques migratoires européennes, et nous assistons chaque jour à la détérioration de leur santé mentale et physique. L'ouverture de ce camp opère une modification de leur identité collective : de réfugiés, ils deviennent prisonniers. Cela affecte leur image, leur estime d’eux-mêmes et leur dignité. L'Europe les brise.