Honduras : huit millions de moustiques pour lutter contre la dengue

Une habitante d'El Manchen au Honduras, en discussion avec un membre des équipes MSF lors d'une opération de relâchement de moustique.
Une habitante d'El Manchen au Honduras, en discussion avec un membre des équipes MSF lors d'une opération de relâchement de moustique.   © Martín Cálix/MSF

Les équipes MSF ont participé à une opération destinée à réduire la transmission de la dengue à El Manchen, une ville de la banlieue de Tegucigalpa, la capitale du Honduras. Huit millions de moustiques porteurs d’une bactérie nommée Wolbachia ont ainsi été volontairement disséminés dans la ville il y a an. Cette bactérie réduit la transmission des arbovirus, dont fait partie la dengue, par les moustiques. Les premiers résultats sont très satisfaisants. 

La dengue est une maladie potentiellement mortelle, qui touche particulièrement le Honduras, notamment en raison de son climat tropical. Ainsi, plus de 160 000 cas ont été signalés depuis le début de l’année dans le pays. 

Il n’existe pour l’instant aucun traitement spécifique contre la dengue et jusqu’à récemment, il n’existait aucun vaccin pour prévenir la maladie. Les méthodes traditionnellement employées contre la propagation des moustiques, vecteurs de la dengue, comme la fumigation, ont montré une baisse d’efficacité ces dernières années. En cause : une résistance progressive des moustiques. 

Les équipes de Médecins Sans Frontières ont travaillé avec les communautés locales, les autorités sanitaires honduriennes, l’Université nationale autonome du Honduras (UNAH) et le Programme mondial de lutte contre les moustiques (WMP) afin de mettre en place une opération innovante. En effet, le WMP a développé une technologie qui permet d’introduire en laboratoire la bactérie Wolbachia dans des œufs de moustiques. Une fois devenus adultes, ces moustiques sont relâchés et transmettent la bactérie à d’autres moustiques en s’accouplant. 

Des membres des équipes MSF lors d'une opération de relâchement de moustiques à El Manchen au Honduras.
 © Martín Cálix/MSF
Des membres des équipes MSF lors d'une opération de relâchement de moustiques à El Manchen au Honduras. © Martín Cálix/MSF

« Ce n’est pas évident de lâcher huit millions de moustiques dans une ville où ils sont déjà nombreux et où la dengue est très présente, explique Edgard Boquín, coordinateur de projet MSF. Nous avons beaucoup travaillé avec les communautés locales pour leur expliquer l’intérêt de l’opération, notamment en les impliquant directement dans les activités. » 

Les premiers résultats de cette opération sont très positifs : sur 294 moustiques testés en septembre 2024, 85,7 % étaient porteurs de la bactérie Wolbachia. Le nombre de cas de dengue enregistrés dans la ville est inférieur aux chiffres des années précédentes et à ceux des villes alentours. « C'est très prometteur, même s’il est encore trop tôt pour crier victoire, conclut Edgard Boquín. Ce sont des résultats préliminaires. Au premier trimestre 2025, des tests définitifs seront effectués qui nous diront dans quelle mesure cette stratégie a permis de réduire l’impact de la dengue à El Manchen. » 

Notes

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