Irak : dans le nord du pays, une pression constante sur un système de santé limité

Une infirmière MSF examine un patient atteint d'une maladie chronique à Hawija. Irak. 2022.
Une infirmière MSF examine un patient atteint d'une maladie chronique à Hawija. Irak. 2022. © Hassan Kamal Al-Deen/MSF

De nombreux établissements de santé ont été détruits ou endommagés lors de la bataille pour la reprise de la ville d’Hawija, dans le nord de l’Irak. Ce fut l'un des bastions de l’État islamique jusqu’en octobre 2017. Cinq ans après, l’accès aux soins de santé est toujours limité et ne couvre pas les besoins de la population.

Les équipes MSF ont commencé à intervenir dès 2016 dans la région, en adaptant progressivement leur réponse aux besoins de la population pour faire face aux lacunes du système sanitaire. Elles travaillent aujourd’hui dans deux structures de santé des villes d’al-Abbasi et d’Hawija et fournissent principalement une prise en charge des maladies non transmissibles mais également des soins en santé mentale et de santé sexuelle et reproductive. 

« Nous prenons en charge 7 000 patients dans ces deux structures de santé, tout en essayant de maintenir une bonne qualité de soins. Mais nous commençons à atteindre notre maximum, explique Tetyana Pylypenko, coordinatrice médicale de MSF en Irak. Actuellement, nous ne pouvons pas accueillir tous les patients qui nécessitent un traitement. L'espace limité dans les installations, les problèmes d'approvisionnement et la disponibilité du personnel font partie des défis auxquels nous sommes confrontés. »

Le système de santé souffrait déjà de pénuries de fournitures et de personnel soignant dans cette région, qui se sont aggravées après l’occupation de l’État islamique et la bataille d’Hawija. De plus, en 2020, le gouvernement irakien a décrété la fermeture des camps de personnes déplacées dans le pays, ce qui a entraîné le retour de nombreuses familles dans cette ville. La pression exercée sur le système de santé est telle qu’il est impossible de répondre aux besoins de la population. Les nombreuses personnes qui se présentent dans les structures de santé MSF d’Hawija et d'al-Abbasi viennent des villages environnants, et même des gouvernorats voisins, afin de recevoir des soins gratuitement.

Des équipes de promoteurs de santé MSF travaillent à sensibiliser la population sur les activités de santé mentale proposées par MSF à Hawija. Irak. 2022.
 © Hassan Kamal Al-Deen/MSF
Des équipes de promoteurs de santé MSF travaillent à sensibiliser la population sur les activités de santé mentale proposées par MSF à Hawija. Irak. 2022. © Hassan Kamal Al-Deen/MSF

« Avec mon collègue, également médecin, nous recevons entre 50 et 60 patients en moyenne chaque jour, explique le Dr Ramah, qui travaille dans la clinique MSF d’al-Abassi, située à 10 km d’Hawija. Près de 3 500 patients nous rendent visite régulièrement. » Les personnes prises en charge dans cette clinique nécessitent un suivi de long terme pour éviter notamment l’apparition de complications qui peuvent conduire à des situations critiques.  Elles souffrent de diabète, d’hypertension, d’asthme ou encore d’épilepsie.

En collaboration avec les autorités sanitaires locales, MSF a développé des critères d’admissions spécifiques. Les équipes se concentrent sur la prise en charge des patients les plus vulnérables, qui ont besoin d'un traitement urgent, et elles proposent aux patients les plus stables une orientation vers un centre de santé primaire public à proximité. Cette répartition permet d’offrir des soins plus ciblés et adaptés aux patients.

Les équipes MSF s’efforcent par ailleurs de maintenir un accès aux soins de santé mentale et continuent de sensibiliser les habitants de la région sur ces problématiques. « C’est une partie essentielle des services que nous offrons, explique le Dr Annie Marie, chef de l'équipe médicale MSF à Kirkouk, principale ville du gouvernorat. La population de la région a vécu plusieurs expériences traumatisantes qui nécessiteraient des années pour guérir complètement. »

Notes

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