Inde : « Je me suis sentie tellement soulagée »
« Quand j'ai découvert que j'étais enceinte, je me suis sentie très triste parce que j'ai déjà cinq enfants. Je me suis demandée comment j'allais m'occuper d'eux si je donnais naissance à un sixième enfant ? Je n'avais absolument aucun soutien de la part de mon mari. Comment une femme peut-elle tout faire pour ses enfants en étant seule ? Je me suis mariée à l'âge de 14 ans. Je n'aimais pas aller chez mon mari parce qu'il me laissait des marques de morsures partout sur mon corps. Même sur mon visage, ce qui explique pourquoi je le gardais tout le temps couvert. J'ai parlé de ma situation à ma voisine dans le village d'où je viens. Elle m'a dit que je n'avais pas d'autre option que de retourner avec lui. Le temps a passé, mais les circonstances n'ont pas changé. Je ne faisais qu'accoucher, un enfant après l'autre. Quand j'ai appris que j'étais enceinte de mon sixième enfant, j'ai beaucoup pleuré. Je n'avais pas la force de donner naissance à un autre enfant. C'était très difficile pour les femmes de parler d'avortement dans notre société. Combien de temps les femmes doivent-elles souffrir à cause de cela ? On dirait que des siècles ont passé, mais rien n'a changé. En 22 ans de mariage, je n'ai rien vu changer ! J'ai partagé mon chagrin, mes difficultés avec une femme de mon voisinage, et j'ai éclaté en sanglots. Elle m'a parlé de cette clinique (la clinique MSF de Umeed Ki Kiran) où je pourrai trouver de l'aide. Au début, j'étais gênée de venir à la clinique et d'avorter. Mais quand j'ai dépassé la barrière de la gêne et demandé de l'aide, je me suis sentie très soulagée. J'ai été capable de me sortir de cette situation très difficile. J'ai reçu les comprimés pour pratiquer l'avortement là-bas, et j'ai reçu toute l'aide dont j'avais besoin. J'ai aussi reçu des pilules à prendre tous les jours, afin d'éviter de tomber à nouveau enceinte. »