Aucune campagne de vaccination massive contre le choléra n'a eu lieu dans le pays au cours des cinq dernières années. Sachant que ce vaccin ne confère une immunité que pour quelques années, l'équipe MSF s'attendait à ce qu'une grande partie de la population ne soit plus immunisée. « Nous avons fait part de nos inquiétudes au ministère de la Santé et conseillé une campagne de vaccination préventive dans la région pour éviter une épidémie. À l'avenir, une vaccination préventive ciblée devrait être mise en place de manière régulière dans cette situation », poursuit la cheffe de mission.
Toutefois, en 2022, une augmentation conséquente des épidémies de choléra dans le monde a engendré une tension sur les stocks de vaccins disponibles. Le Malawi, qui a officiellement déclaré l’épidémie de choléra le 3 mars 2022, n'a pu démarrer sa campagne de vaccination qu’en mai. Seulement 24,5% de la population des huit districts ciblés a été vaccinée. « Nous pensons que l'épidémie ne serait pas ce qu'elle est aujourd'hui si le Malawi avait eu accès à plus de vaccins plus tôt », déplore Marion Pechayre.
Au-delà des vaccins, d’autres problèmes persistent pour enrayer le choléra. Environ un tiers des habitants du pays n'ont pas accès à l’eau potable et seulement un quart ont accès aux services d'assainissement de base, selon l’Unicef, ce qui rend difficile l'adoption de mesures d'hygiène basiques dans certaines régions. Dans le district de Mangochi par exemple, où la maladie a décuplé en novembre dernier, de nombreuses personnes vivant dans les zones rurales dépendent du lac Malawi pour se laver, pêcher, nettoyer la nourriture, mais aussi pour se soulager. « Le manque d'eau potable, la mauvaise hygiène alimentaire et la faible présence et utilisation des latrines restent sans réponse au niveau communautaire. Pour enrayer cette épidémie, mais aussi pour mieux préparer l'avenir, des efforts importants doivent également être déployés dans ces domaines. D’autre part, les précipitations actuelles participent aussi à la propagation de l’épidémie. », explique Bérengère Guais, responsable adjointe des urgences MSF.