Madagascar : MSF démarre des activités d’urgence en réponse à la malnutrition dans le grand Sud

Autrefois les routes étaient bordées de cactus, aujourd'hui ils sont ensevelis sous le sable. Madagascar. 2021. 
Autrefois, les routes étaient bordées de cactus, aujourd'hui ils sont ensevelis sous le sable. Madagascar. 2021.  © Ainga Razafy/MSF

Depuis fin mars, une équipe MSF, composée de personnel soignant et de logisticiens, intervient dans la région d’Anôsy située à l’extrême sud du pays. Elle évalue la situation et les activités que l’association pourrait mettre en œuvre pour contribuer à répondre en urgence à la malnutrition qui sévit actuellement.

La période de soudure alimentaire, qui prend habituellement fin en avril, devient chaque année plus critique dans les régions désertiques du grand sud malgache. Trois années consécutives de sécheresse ont gravement mis à mal les récoltes et l’accès à la nourriture, dans un contexte aujourd’hui marqué par la pandémie de Covid-19, qui a notamment fait plonger les emplois saisonniers et autres sources de revenus liés au tourisme. À partir de décembre, de violents vents de sable ont également recouvert une partie des terres arables et des aliments utilisés durant la période de soudure comme les fruits de cactus. Résultat, la crise alimentaire et nutritionnelle chronique, connue dans l’île sous le terme de « kéré », frappe encore plus durement les habitants.

La situation nutritionnelle peut être très hétérogène d’un endroit à l’autre du district d’Amboasary, qui compterait environ 280 000 habitants, dans lequel MSF intervient. Les villages sont dispersés et les distances longues et compliquées à parcourir en raison de l’état des pistes et de la géologie de la zone. Les contraintes logistiques représentent un obstacle de taille pour déployer des secours humanitaires, que ce soit en termes d’approvisionnement et d’acheminement du matériel comme de déplacement des équipes. 

Actuellement présentes dans la commune de Ranobe, nos équipes y mènent des activités de dépistage et de prise en charge de la malnutrition aiguë chez les enfants, adolescents et adultes. À Ankamena, un hameau de la commune de Ranobe, le premier centre de santé est à un jour de marche. 680 personnes se sont présentées au dépistage nutritionnel, et 137 ont ensuite bénéficié d’une prise en charge et seront suivies dans le cadre du programme médico-nutritionnel d’urgence que lance MSF dans la région. Parmi ces dernières, plus d’une dizaine sont des enfants de plus de 10 ans et des adultes.

Un membre des équipes MSF en route pour la commune d'Ebelo. Madagascar. 2021.
 © MSF
Un membre des équipes MSF en route pour la commune d'Ebelo. Madagascar. 2021. © MSF

Dans le chef-lieu de la commune de Ranobe, le dépistage et la prise en charge de la malnutrition se poursuivent, et plus d’une centaine de personnes ont déjà été incluses dans le programme. La présence de plusieurs familles dont l’ensemble des membres, enfants comme adultes, sont sévèrement malnutris, témoigne de la précarité extrême de la situation, même s’il est encore trop tôt pour que MSF puisse établir un constat plus complet à l’échelle de cette commune. Les cas de parasitoses intestinales et de diarrhées constituent les autres pathologies les plus fréquemment rencontrées par notre équipe lors de ces premiers jours d’intervention.

À Ankamena et Ranobe, les premières récoltes ne sont pas attendues avant la fin juin au minimum, et elles s’annoncent mauvaises en raison de la sécheresse et des pluies tardives, ainsi que des risques liés aux invasions de sauterelles. En attendant, les réserves alimentaires habituellement consommées en période de soudure, comme les brèdes et fruits de cactus, s’épuisent. De nombreuses familles, dans l’incapacité de trouver de la nourriture, sont suspendues aux distributions du Programme alimentaire mondial (PAM) et de l’État.

L’objectif pour MSF est donc d’appuyer et d’élargir la prise en charge médico-nutritionnelle des enfants, adolescents et adultes souffrant de malnutrition aigüe dans le district. L’amélioration de l’accès et de la qualité de l’eau sera un axe de travail important. Il est par ailleurs urgent de renforcer la couverture immédiate des besoins alimentaires de base là où les besoins seront les plus aigus.

D’après le Programme alimentaire mondial et le gouvernement malgache, en janvier 2021 la prévalence de la malnutrition aiguë globale chez les enfants de moins de 5 ans dans les trois régions les plus touchées (Androy, Anôsy et Atsimo Andrefana) s’élevait à plus de 10 %, soit le deuxième taux le plus élevé dans la région de l’Afrique de l’Est et australe.

Notes

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