Mali : de violents affrontements forcent les habitants du nord à fuir

Ces femmes et leurs enfants ont été contraints de quitter le village de Mandjebougou. 
Ces femmes et leurs enfants ont été contraints de quitter le village de Mandjebougou.  © Aichata Diakité/MSF

Depuis avril 2024, environ 4 000 personnes ont fui les hostilités entre les groupes armés non étatiques et l’armée malienne dans le cercle de Niafounké, une zone située au nord du Mali. Pour soutenir ces populations déplacées, MSF a ouvert un poste de santé, installé des points d’eau et distribué des kits d’urgence.

Sous la pression des groupes armés, 2 000 personnes ont dû quitter leur village (Dagodji, Fourou, Goundamtouskeli et Mandjebougou) en avril dernier pour trouver refuge dans la ville de Niafounké. Un chiffre qui a augmenté, jusqu’à atteindre 4 000 personnes au mois de juin. Dans la précipitation, les habitants ont laissé derrière eux leur famille, leurs biens, mais aussi leurs fermes et animaux. Certains ont préféré fuir pour éviter de se faire enrôler. D’autres, parfois accusés d’être complices, n’ont pas réussi à s’échapper à temps et continuent de vivre dans la peur d’être poursuivis.

Dépendantes de l’agriculture comme moyen de subsistance, ces familles n’ont plus de quoi vivre, ni rembourser d’éventuels prêts. Elles vivent dorénavant à Niafounké, entassées dans des salles de classe, dans des conditions de vie difficiles où la promiscuité et le manque d’hygiène favorisent la prolifération de certaines maladies. « Nous avons des cas croissants d'infections respiratoires (618 personnes soignées dont 51,6% d’enfants de moins de 5 ans), des affections dermatologiques infectieuses et des cas de diarrhées (158 personnes soignées dont 87 enfants de moins de 5 ans). Nous notons aussi des cas de malnutrition aiguë chez 66% des enfants dépistés. Nombre de déplacés, confrontés à la perte de leurs proches et de leurs biens, ont également besoin d’une assistance en santé mentale », explique le Docteur Baricomo Karembé, médecin clinicien sur le site des déplacés.

Sur le deuxième site, à l'intérieur de l'école maternelle, des jeunes filles vont chercher de l'eau à une borne-fontaine rétablie par MSF à l'arrivée des déplacés.
 © Aichata Diakité/MSF
Sur le deuxième site, à l'intérieur de l'école maternelle, des jeunes filles vont chercher de l'eau à une borne-fontaine rétablie par MSF à l'arrivée des déplacés. © Aichata Diakité/MSF

Ces expériences traumatisantes ont causé d’importants troubles psychologiques chez les personnes déplacées. Un jeune homme de 23 ans, originaire du village de Dagodji, raconte : « Je suis agriculteur. J’ai fui mon village sous la menace des hommes armés. Ils sont venus pour recruter des jeunes. Je les ai défiés en disant que je refusais d’adhérer. Dès lors, ils ont voulu m’éliminer. Ils ont pointé leur arme sur moi. J’ai eu peur et j’ai plongé précipitamment dans l’eau pour atteindre Niafounké à la nage. Ils ont tiré, mais heureusement, je n’ai pas été blessé ».

Le poste de santé mis en place par MSF sur le site des déplacés.
 © Aichata Diakité/MSF
Le poste de santé mis en place par MSF sur le site des déplacés. © Aichata Diakité/MSF

Dès son arrivée sur place, au mois d’avril, MSF a immédiatement ouvert un poste de santé pour la prise en charge gratuite des soins de santé primaire, installé des points d’eau et distribué 600 kits non alimentaires. Entre avril et juin 2024, 1 202 femmes ont bénéficié de soins dont 96 consultations prénatales et 15 accouchements. 

A l’approche de la rentrée des classes, la nécessité de trouver un site d’accueil adéquat pour les familles déplacées devient urgente. Par ailleurs, des besoins demeurent, notamment en santé mentale. MSF encourage d’autres organisations humanitaires locales et internationales à renforcer le soutien aux personnes déplacées. 

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