En mars 2008, MSF suspendait ses activités dans les centres de rétention sur l'île de Malte. Cette décision faisait suite à une série de demandes adressées aux autorités maltaises en vue d'améliorer les conditions de vie et les services de soins de santé dans ces centres. Aujourd'hui, malgré quelques progrès, les centres sont encore loin des standards minimums d'accueil pour les demandeurs d'asile institués par la Commission Européenne.
« J'ai traversé le désert pour fuir la violence en Somalie et j'ai rejoint Tripoli alors que j'étais sur le point d'accoucher, raconte une réfugiée somalienne.
Ma fille est née le premier jour de voyage, sur le bateau. Un homme et une femme m'ont assistée pendant l'accouchement. Nous étions 77 à bord, tellement serrés qu'on ne pouvait pas bouger.
Durant les quatre jours qui ont suivi on a beaucoup souffert du manque d'eau et de nourriture, même ma fille car je n'avais pas de lait à cause de la peur et de la faim.»
Pour les nombreux migrants et demandeurs d'asile qui quittent la côte lybienne pour rejoindre Malte, le voyage à bord de petites embarcations est extrêmement éprouvant.
Pendant des jours entiers hommes, femmes et enfants doivent y rester immobiles, exposés aux intempéries, sans eau ni nourriture.
A l'arrivée, ceux qui survivent au voyage doivent subir des conditions de vie abominables dans des centres de rétention et supporter des traitements inhumains. En effet, dès leur arrivée à Malte, les migrants irréguliers et les demandeurs d'asile politique sont forcés de rester dans les centres de rétentions surpeuplés pendant 18 mois. La politique de détention systématique dans le pays vise à dissuader les personnes à entrer de façon irrégulière sur le territoire.
Malgré les nouvelles stratégies visant à diminuer le flux de migrants et des contrôles plus importants tout le long de la frontière méridionale européenne, le nombre de personnes débarquées sur l'île a augmenté avec 2 704 nouvelles arrivées en 2008. Et les chiffres du début de l'année 2009 confirment cette tendance.
L'arrivée de nouveaux de migrants aggrave les conditions de vie déjà inhumaines des détenus. Surpeuplement, conditions d'hygiène terribles exposent les migrants à des risques d'infections respiratoires et dermatologiques.
L'accès à l'assistance sanitaire est insuffisant. Les détenus atteints de maladies infectieuses cohabitent avec ceux en bonne santé, ce qui favorise la propagation des épidémies. Pour recevoir les soins prescrits au cours des consultations médicales les patients doivent attendre plusieurs jours, parfois même plusieurs semaines.
Les catégories vulnérables - femme enceintes, enfants et malades- sont également détenues en centre de rétention et relâchées seulement après l'avis d'une commission locale qui analyse les cas individuellement.
Entre août 2008 et février 2009, MSF a fourni une assistance sanitaire dans trois centres de détentions : Safis, Lyster Barracks et Ta'kandja.
Mais il s'est rapidement avéré que l'impact de cette assistance sanitaire était limitée par les conditions de vie dans les centres. « Être médecin dans un tel milieu est frustrant et absurde. Comment peut-on soigner un patient souffrant d'une infection thoracique et le renvoyer dormir sur un matelas humide, par terre, près d'une fenêtre cassée en plein hiver ? », s'insurge Philippa, médecin MSF à Malte.
En mars, MSF a suspendu ses activités à l'intérieur des centres de détentions et a publiquement dénoncé les conditions de vie et les risques auxquelles les migrants et les réfugiés politiques étaient exposés.
Malgré quelques progrès, les centres sont encore loin des standards minimums d'accueil pour les demandeurs d'asile institués par la Commission Européenne.
Dans son rapport « Not Criminals » , MSF met en évidence ces conditions de vie inacceptables et leur impact sur la santé mentale et physique des migrants et des réfugiés à Malte.
Entre août 2008 et février 2009, MSF a effectué 3 192 consultations médicales auprès de 2 000 patients dans ces trois centres de détentions. Entre décembre 2008 et février 2009, 266 consultations psychologiques individuelles et 30 sessions de groupe d'éducation à la santé ont été organisées.
MSF continue de fournir une assistance médicale aux migrants et aux réfugiés politiques qui vivent dans des centres ouverts, où les personnes sont transférées à l'issue de leurs 18 mois de détention ou lorsque leur demande d'asile a été remplie.