Nyanog Adem, 32 ans, est mère de six enfants. Elle vient du village d’Ariath, au nord de la ville d'Aweil dans l’Etat du nord Bahr el Ghazal, au Soudan du Sud. Elle a parcouru 15 kilomètres à pied pour rejoindre le centre de santé MSF de Majangkar, à Pamat. Son quatrième fils, Akwe Nyanog, est malade depuis une semaine. Deux jours avant son arrivée et son admission au centre de santé, son état avait empiré, avec une forte fièvre et une faiblesse générale associée à une fatigue importante. Alors, avec son plus jeune fils, trop jeune pour être laissé seul à la maison, elle a fait le chemin dans le seul endroit où elle pensait obtenir de l'aide : le centre de santé de MSF.
Interrogée sur les autres centres de santé à proximité de son village, elle raconte : « seule la structure médicale de MSF est la solution. Chaque fois que mes enfants sont malades, je les amène ici. C’est la seule structure accessible pour moi, où je suis sure qu’ils pourront obtenir un traitement. D'autres structures sont là, mais les médicaments ne sont pas disponibles, ou bien s’il y a des médicaments, on me demande de les acheter, et je n’ai pas assez d’argent. L'hôpital d'Aweil est trop loin et je ne peux pas me permettre non plus de payer un transport en commun pour y aller ».
Malheureusement, Akwe a été diagnostiqué avec le paludisme, et il souffre aussi de malnutrition. Il a dû être admis pour suivre un traitement contre ces deux maladies. Chaque fois que ses enfants tombent malades, Nyanog fait le voyage à pied jusqu’au centre de santé de Majangkar. Sur son chemin, elle s’arrête régulièrement pour demander de l'eau pour ses enfants et elle-même.
« Je n’ai pas non plus assez d'argent pour acheter de la nourriture. Le lait et la nourriture que je fournis à mes enfants proviennent uniquement des animaux et des cultures. Mais les pluies ont affecté la récolte de la saison dernière. Nous avons besoin de nourriture, d'eau potable et d’écoles pour nos enfants. Mais ici de nombreux besoins de base ne sont pas comblés », conclut Nyanog.
Le paludisme est endémique dans de nombreuses régions du Soudan du Sud et beaucoup de personnes meurent au cours de la saison des pluies, à cause de la recrudescence de la maladie. Les habitants des zones les plus reculées n’ont souvent pas accès aux traitements en raison de la distance avec les principaux hôpitaux et du manque de médicaments dans les centres de santé périphériques.
« Il est très décourageant pour nous de recevoir des personnes gravement malades, que nous recevons trop tard, alors qu’elles pourraient être sauvées si elles avaient eu accès à un traitement plus tôt », déplore Denis Oyori, responsable des soins infirmiers pour MSF à Pamat, dans l’Etat du nord Bahr el Ghazal.