Avec l’arrivée de la saison des pluies et les nouveaux pics de malnutrition et de paludisme prévus, il est indispensable de privilégier une approche globale visant la prévention et le traitement, de manière à réduire l’impact des crises sanitaires et nutritionnelles chez les enfants de moins de cinq ans au Niger.
En 2012, le pic de paludisme, qui est intervenu précocement et s’est étendu, a entraîné une augmentation importante du nombre d’enfants malnutris devant être hospitalisés pour cause de paludisme sévère. Une enquête rétrospective de mortalité, menée par MSF dans les districts de Madaoua et Bouza en 2012, a révélé un taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans de 7 pour 10 000 par jour, soit 3 fois le seuil d’urgence. Plus de la moitié des décès étaient dus au paludisme. Même si ces chiffres ne peuvent être extrapolés au niveau national, ces résultats reflètent l’ampleur de la crise dans certaines régions.
Paludisme et malnutrition entretiennent une relation étroite. Les périodes de soudure, où la malnutrition est à son plus haut niveau, coïncident avec la saison des pluies, synonyme d’augmentation des cas de paludisme. Le duo malnutrition-paludisme génère alors un cercle vicieux : les défenses immunitaires des enfants malnutris étant très affaiblies, cela favorise le paludisme. Inversement, les enfants atteints de paludisme sont plus susceptibles de tomber dans la malnutrition sévère.
« Nous devons agir pour empêcher les enfants de mourir à cause de problèmes qui peuvent être évités, explique Luis Encinas, responsable de programmes MSF au Niger. Il faut chercher de nouvelles approches pour en finir avec la combinaison mortelle malnutrition-paludisme, et travailler non seulement au niveau du traitement, mais aussi au niveau de la prévention.»
Depuis quelques années, les modèles pour combattre la malnutrition ont évolué et intègrent désormais la prévention comme élément clé de sa gestion. MSF considère essentiel de faire de même pour le paludisme, en appliquant de nouvelles stratégies ayant déjà prouvé leur efficacité.
MSF prévoit ainsi de mettre en place dans différentes zones du Niger une nouvelle stratégie de prévention, appelée chimioprévention du paludisme saisonnier (CPS). Le principe est d’administrer aux enfants à risque le traitement antipaludique complet pendant le pic saisonnier de la maladie. L’an dernier, MSF a déployé avec succès cette stratégie au Mali et au Tchad, et a constaté une réduction du nombre de cas de paludisme simple: de 66% au Mali et de 78% au Tchad.
Ces stratégies de prévention doivent désormais être intégrées à un plan plus ambitieux reconnaissant la malnutrition et le paludisme comme des problèmes de santé publique. Il faut intégrer la prévention et le traitement dans l’offre de santé de base, comme l’est déjà la vaccination, renforcer cette stratégie par des suppléments nutritionnels pour favoriser une bonne croissance des enfants. De même, il faut améliorer l’accès aux soins en décentralisant cette approche vers les zones rurales. Dans le district de Madarounfa, MSF utilise actuellement ce type de stratégie pour réduire la mortalité infantile.
« L’effort pour traiter la malnutrition au Niger est considérable et nous devons le soutenir, a déclaré José Antonio Bastos, président de MSF Espagne. En 2012, un plan massif a été élaboré et mis en place pour traiter la malnutrition, mais il a exclu les autres besoins de santé, comme la prévention du paludisme et la vaccination. Fournir une nutrition adéquate à un enfant n’est pas suffisante si ce même enfant risque de mourir du paludisme ou d’une infection respiratoire. Il faut envisager une réponse globale. »
Au Niger, plus de 90 000 enfants souffrant de malnutrition aiguë et environ 390 000 enfants atteint de paludisme ont été traités en 2012 dans des centres de santé gérés par MSF et ses partenaires.