Nigeria : aggravation de l’épidémie de diphtérie

Vue d'une salle d'un hôpital soutenu par MSF où sont hospitalisés des patients souffrant de diphtérie. Nigeria. 2023.
Vue d'une salle d'un hôpital soutenu par MSF où sont hospitalisés des patients souffrant de diphtérie. Nigeria. 2023. © Ehab Zawati/MSF

Une grave épidémie de diphtérie ravage le Nigeria, où des milliers de personnes ont été infectées et des centaines d'autres sont mortes. La faible couverture vaccinale nationale et la pénurie mondiale d’antitoxines vitales inquiètent les équipes MSF.

« Nous recevons actuellement plus de 700 personnes suspectées de diphtérie et admettons plus de 280 patients chaque semaine dans les deux centres de traitement de l'État de Kano, explique le Dr Hashim Juma Omar, médecin du projet d'urgence MSF. Les femmes et les enfants âgés de moins de cinq ans constituent les groupes les plus vulnérables et les plus touchés actuellement dans l’État de Kano. Et ils ont vraiment besoin d’aide. »

La diphtérie est une maladie bactérienne très contagieuse et potentiellement mortelle qui peut se présenter sous des formes respiratoires ou cutanées. Sans traitement, elle peut tuer jusqu’à la moitié des personnes infectées. Et même avec un traitement, la maladie reste mortelle chez 5 % des patients. 

Le Centre de contrôle des maladies du Nigeria a déclaré une épidémie de diphtérie le 20 janvier 2023. Entre mai 2022 et début septembre 2023, plus de 6 000 cas confirmés ont été enregistrés. Environ 4 000 cas suspects ont été signalés dans le pays pour le seul mois d’août 2023, dont plus des trois quarts provenant de l’État de Kano.

Les équipes MSF répondent à l'épidémie dans les États de Kano, Borno et Bauchi. Cependant, répondre à cette urgence s’est avéré difficile, en raison d’une pénurie mondiale d’antitoxine diphtérique vitale utilisée dans le traitement, causée par la diminution de la capacité de production.

 

Vue d'un hôpital soutenu par MSF à Kano. Nigeria. 2023.
 © Ehab Zawati/MSF
Vue d'un hôpital soutenu par MSF à Kano. Nigeria. 2023. © Ehab Zawati/MSF

« Même si nous avons fourni 2 000 doses d'antitoxine diphtérique le mois dernier à Kano, s’en procurer a été l'un des plus grands défis de cette crise, explique le Dr Omar. Nous avons passé une commande supplémentaire urgente de 5 000 doses pour couvrir les besoins de nos projets, mais ce n’est toujours pas suffisant. »

Pour lutter contre l’épidémie, il est crucial d’intensifier les efforts visant à réduire la transmission de la maladie et à renforcer la préparation et la réponse aux épidémies au Nigeria. L’origine de l’épidémie est le faible taux de vaccination, puisque seulement 70 % des enfants ont reçu leur première dose de vaccin contre la diphtérie, le tétanos et la coqueluche. En 2021, on comptait 25 millions d’enfants non ou sous-vaccinés au Nigeria. Le financement des vaccins et les coûts de mise en œuvre sont un frein important. L’État de Kano aurait besoin de millions de doses pour cibler les groupes à risque. Une amélioration de la surveillance et de la recherche des cas contacts, ainsi que des mesures visant à renforcer le système de santé local, sont aussi nécessaires pour lutter contre l’épidémie.

À Maiduguri, dans l'État de Borno, MSF a ajouté une clinique de traitement de la diphtérie de 20 lits à son hôpital pédiatrique de Gwange, où plus de 110 personnes ont été prises en charge depuis janvier. Dans l'État de Kano, les équipes MSF ont accueilli 6 707 personnes présentant des cas suspects ou confirmés de la maladie depuis janvier, travaillant dans des centres de traitement d'une capacité totale de 147 lits. Dans l'État de Bauchi, MSF a déjà traité 21 cas de diphtérie lors de sa visite médicale habituelle à Ganjuwa, et surveille la situation dans cette localité ainsi qu’à et à Jama'are, se tenant prêt à démarrer des activités de prise en charge si nécessaire.

En collaboration avec le ministère nigérien de la Santé, les équipes MSF ont mené début septembre une première campagne de vaccination préventive dans les zones de santé de Kantché et Amsoudou, vaccinant près de 48 500 personnes. Une deuxième série de vaccinations aura lieu début octobre.

L’association a commencé à soutenir le ministère de la Santé de Guinée, où nous travaillons dans un centre de traitement des maladies épidémiques dans la préfecture de Siguiri. Plus de 100 personnes ont été admises depuis le début de nos activités.

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