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Pakistan : « Ces inondations risquent d’affecter la population pendant des mois »

Les équipes MSF distribuent des biens de première nécessité à des familles qui ont trouvé refuge dans des abris de fortune. Pakistan. 2022.
Les équipes MSF distribuent des biens de première nécessité à des familles qui ont trouvé refuge dans des abris de fortune. Pakistan. 2022.   © MSF

Les pluies de mousson qui touchent le Pakistan depuis des mois, aggravées par le réchauffement climatique et la fonte des glaciers, se sont intensifiées ces dernières semaines et ont provoqué des dégâts considérables dans une grande partie du pays. Des millions de personnes ont perdu leur maison et sont obligées de dormir dans des abris de fortune, tandis que de nombreuses structures de santé sont endommagées ou non fonctionnelles. Les équipes MSF renforcent leur appui aux populations et se préparent notamment à intervenir rapidement en cas d’épidémies. Le point avec le Dr Khalid Elsheik Ahmedana, Responsable adjoint des opérations au sein de la cellule des urgences MSF.

Que font actuellement les équipes MSF en réponse aux inondations ?

MSF est présente de manière permanente au Pakistan, dans les provinces du Baloutchistan, de Sind, du Penjab et du Khyber Pakhtunkhwa. Les équipes sont intervenues rapidement après la déclaration d'état d’urgence le 25 août, dans la mesure de leurs moyens : l’association emploie environ un millier de personnes dans le pays. Lors d’une catastrophe naturelle de cette ampleur, c’est finalement peu.

Les premières estimations d’organisations internationales indiquent que plusieurs millions de personnes auraient besoin d’une aide humanitaire. Ces chiffres sont évidemment à prendre avec précaution, car il est difficile d’avoir une image précise de ce qui se passe à travers le pays. Mais nos équipes sur le terrain constatent que les besoins sont immenses. Elles ont vu des villages entièrement submergés, dont on n’aperçoit parfois que le sommet d’une maison. De nombreuses personnes ont tout perdu et sont obligées de dormir sous des tentes ou des abris de fortune, au bord des routes. 

 


 

 © MSF
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La situation n’est pas la même dans toutes les régions, ni même dans toutes nos zones d’intervention, certaines villes ou villages ont été plus affectées que d’autres. Nos équipes parcourent différentes régions pour mener des évaluations, et offrir des soins aux habitants. Cela se fait notamment à travers la mise en place de cliniques mobiles qui tentent d’apporter des soins de santé primaire au plus près des populations. Les équipes logistiques sont également à pied d’œuvre pour apporter de l’eau potable. Elles distribuent aussi des biens de première nécessité, comme du savon, des produits d’hygiène ou des ustensiles de cuisine. Nous espérons pouvoir acheminer rapidement davantage de matériel et de moyens humains pour développer notre intervention, d’autant plus que la situation pourrait empirer si de nouvelles inondations et crues survenaient, ce qui n’est pas à exclure

Quels sont les besoins des populations d’un point de vue médical ?

C’est encore un peu tôt pour tirer des orientations précises. Néanmoins, nous savons que certaines maladies endémiques du Pakistan pourraient se propager à la faveur d’une dégradation des conditions de vie et d’hygiène. Le paludisme, qui n’est pas une maladie hydrique à proprement parler, pourrait se développer à cause de la stagnation des eaux. Les personnes les plus à risque sont les enfants, dont on sait qu’ils sont les premières victimes du paludisme. La dengue, transmise elle aussi par une piqûre de moustique, fait également partie des maladies endémiques du Pakistan. Il y a également des cas de diarrhées aqueuses sévères, qui sont une conséquence des inondations, car les nappes phréatiques et plus généralement les réserves d’eau ont pu être souillées. Les agents pathogènes prolifèrent dans de telles conditions et si les habitants n’ont pas accès à une eau potable et saine, à des latrines fonctionnelles, les maladies hydriques sont susceptibles de se répandre.

Un membre des équipes MSF vérifie la contamination des réserves d'eau lors d'une évaluation des besoins d'un village. Pakistan. 2022.

 
 © MSF
Un membre des équipes MSF vérifie la contamination des réserves d'eau lors d'une évaluation des besoins d'un village. Pakistan. 2022.   © MSF

Les équipes MSF acheminent du matériel et des médicaments en prévention du développement de telles maladies, comme des centres de traitement dédiés ou des antipaludéens. On pourrait également porter une attention particulière aux personnes atteintes de maladies non transmissibles, comme le diabète, car en l’absence de structures de santé fonctionnelles, elle pourrait souffrir d’une rupture dans la continuité de leurs soins. Tout dépendra des évaluations plus précises que sont en train de mener nos équipes. Dans l’immédiat, et puisque les personnes que nous rencontrons sont majoritairement des déplacés, qui vivent dans des abris de fortune ou des tentes, une de nos priorités est de pouvoir fournir un accès à l’eau potable, un abri convenable et de rétablir des conditions d’hygiène suffisante. Ce sont les besoins les plus urgents.

Quelles peuvent être les conséquences à plus long terme de ces inondations ?

Quand une catastrophe naturelle survient, les conséquences varient en fonction de la puissance et du nombre de personnes touchées. Au Pakistan, selon certaines estimations, les pluies de mousson ont été multipliées par trois cette année et près d’un tiers de ce pays de 220 millions d’habitants aurait été submergé. C’est un événement d’une puissance considérable. 

Les équipes MSF dans une structure médicale temporaire destinée à offrir des soins de santé primaire dans la ville de Quetta au Baloutchistan. Pakistan. 2022.

 
 © MSF
Les équipes MSF dans une structure médicale temporaire destinée à offrir des soins de santé primaire dans la ville de Quetta au Baloutchistan. Pakistan. 2022.   © MSF

Il faut aussi prendre en compte la destruction d’une partie du système de santé, car de nombreuses structures sont endommagées, et il va falloir du temps pour le reconstruire. À ce stade, on ne peut présager de rien, mais on essaie de se préparer pour être prêt à intervenir rapidement selon différents scénarios. Ces inondations risquent d’affecter la population pendant des mois. Une partie des champs, des récoltes et des stocks de nourriture a été détruite par les inondations. Certaines régions du Pakistan ou certaines populations du pays pourraient rencontrer des problèmes d’accès ou d’approvisionnement en nourriture dans les semaines ou les mois qui viennent. 

Des catégories de personnes sont plus vulnérables que d’autres, comme les femmes enceintes ou les enfants. Dans cette configuration, nous avons déjà commencé à acheminer des stocks d’aliments nutritionnels thérapeutiques, dont nous nous servons par ailleurs sur bon nombre de nos terrains d’intervention. On ne les utilisera peut-être pas. Mais il vaut mieux anticiper face à une situation d’une telle ampleur.

Notes

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