Le paludisme est responsable de la mort de plus de 400 000 personnes par an. La plupart des victimes se trouvent sur le continent africain. 70% sont des enfants.
Pourtant, on pourrait dire que les choses vont mieux : on estime que plus de 6,2 millions de décès liés au paludisme ont été évités entre 2000 et 2015, grâce à d’importants investissements économiques. Mais beaucoup reste encore à faire. Cinq éléments de la lutte contre la maladie sont aujourd’hui particulièrement importants :
- Les perturbations climatiques
Des saisons des pluies plus longues et plus intenses sont généralement synonymes d’augmentation des cas de paludisme. Cela peut contribuer à expliquer des pics particulièrement aigus de la maladie, comme ceux en République démocratique du Congo ou en Ouganda en 2014 et 2015, deux années pendant lesquelles le phénomène El Niῆo a joué un rôle principal dans l’augmentation des cas en Afrique Sub-Saharienne.
- La résistance des moustiques aux insecticides
Un des axes du control du paludisme est la lutte contre les moustiques vecteurs, par exemple la protection individuelle, par des moustiquaires imprégnées d’insecticides. Aujourd’hui, selon l’Organisation mondiale de la santé, la moitié de la population africaine possède une moustiquaire. Mais leur efficacité est en train de diminuer, car le moustique s’adapte aux insecticides. Il devient ainsi important de lutter aussi en amont, en détruisant les larves et en controlant la propagation du moustique. Ainsi au Tchad, MSF a lancé cette année une opération de pulvérisation d’insecticides dans la région de Moissala, qui vise 22 000 maisons.
- La chimioprévention
La chimioprévention consiste à distribuer ponctuellement des traitements antipaludéens à certains groupes de population. Le traitement préventif intermittent permet de réduire jusqu’à 30% les cas de paludisme chez les femmes enceintes et les nourrissons. Pendant la saison de haute transmission du paludisme, la chimioprévention pour les enfants de 3 mois à 5 ans fait diminuer de 80% les cas de paludisme simple, et de 70 % les cas sévères.
- Les traitements antipaludéens
Depuis leur généralisation au début des années 2000, les traitements à base d’artémisinine sont venus remplacer des molécules devenues inefficaces. Ils ont permis une baisse spectaculaire des cas de paludisme ainsi qu’une amélioration de l’observance du traitement complet. Mais on commence à documenter, en Amérique latine et en Asie du Sud Est, des cas de résistance à cette molécule. Et aucun candidat n’est susceptible de la remplacer avant plusieurs années.
- Le vaccin
Véritable graal de la lutte contre la maladie, un vaccin efficace reste pour l’heure hors de portée. Le seul vaccin disponible aujourd’hui a une efficacité limitée contre les formes sévères de la maladie. Et il faut l’administrer en 4 doses, avec de longs intervalles, ce qui rend son utilisation sur le terrain quasi impossible. Seule la mise au point d’un vaccin plus efficace, bon marché et facile d’utilisation peut constituer une avancée sérieuse pour le controle d’une des plus grandes tueuses infantiles.
Pour lutter contre le paludisme, il faut donc prendre en compte ces différents éléments, et s’adapter aux différents contextes. En combinant la prise en charge des patients, la lutte contre le moustique et la chimioprévention, - ainsi que l’amélioration des conditions de vie - le paludisme a déjà été éliminé de plusieurs pays d’Europe et d’Amérique.