Au cours de cette intervention d’urgence, nous n’avons cessé de nous questionner : « Est-ce que nous en faisons suffisamment ? Est-ce que nous le faisons de la bonne manière ? » Au-delà de notre réponse médicale, témoigner est une autre façon d'agir pour ces personnes en détresse. C’est ce que nous tentons de faire depuis deux mois, afin de mobiliser d’autres acteurs humanitaires, dans une zone pourtant située à seulement quelques heures de Kinshasa.
Nos appels, lancés dès le début de cette explosion de violences, n’ont pas été entendus, malheureusement. « Pas assez de besoins », « Pas assez de moyens », « Trop d’insécurité ». Ici aussi, comme dans tant d’autres zones oubliées de la République Démocratique du Congo, le travail de mobilisation est éreintant et frustrant.
Les affrontements sont devenus moins fréquents ces dernières semaines, mais sont plus éparpillés. Ils s’étendent à présent sur un large territoire au nord de Kinshasa, entre le fleuve Congo et la rivière Kwilu, ce qui rend les interventions humanitaires très compliquées.
Dans les villages qui n’ont pas été attaqués, les habitants vivent dans la crainte. La situation reste très imprévisible. L’absence d’attaques ne veut pas dire que tout est sous contrôle et que la vie est revenue à la normale. Les tensions et les discours de haine sont encore bien présents.