La région de Boso Manzi avait pourtant bénéficié de campagnes de vaccination menées par l’OMS et les autorités congolaises en décembre 2019. « Dans les zones reculées comme celle-ci, les structures de santé locales n’ont pas de chaîne du froid et manquent de moyens de transport, explique Philippe Mpabenda, le médecin en charge de l’intervention d’urgence MSF. Les vaccinations se concentrent souvent dans l’environnement immédiat de certains centres de santé, et n’atteignent pas les communautés plus éloignées. De plus, l’efficacité des vaccins dépend fortement de la capacité à les maintenir à une température allant de 2 à 8 degrés Celsius. »
Dans ce contexte déjà difficile, de nouveaux obstacles à la vaccination sont récemment apparus avec la pandémie de Covid-19. « Il est crucial de mettre en œuvre les mesures de prévention du coronavirus pour protéger les populations et le personnel de santé, surtout dans un pays où les capacités sanitaires sont très limitées, poursuit Emmanuel Lampaert. Mais ces mesures affectent aujourd’hui la réponse aux autres urgences vitales, comme la rougeole, dans lesquelles le transport des vaccins et des équipes, par exemple, ou l’organisation des vaccinations de masse sont essentiels. »
« Si les efforts ne sont centrés que sur le Covid-19, d’autres crises majeures sont à venir, s’inquiète Emmanuel Lampaert. Réduire les activités de vaccination, la prévention du paludisme ou l’appui nutritionnel rendra la situation sanitaire encore plus difficile pour le pays. Cela entraînera une mortalité excessive que nous ne pouvons cautionner silencieusement. »