Soudan du Sud : à l'approche de la saison des pluies, des milliers de déplacés vivent dans des conditions précaires

Une femme cuisine des feuilles d'arbres pour tenter de subvenir aux besoins de ses cinq enfants. Soudan du Sud. 2022.
Une femme cuisine des feuilles d'arbres pour tenter de subvenir aux besoins de ses cinq enfants. Soudan du Sud. 2022. © Scott Hamilton/MSF

Au début du mois de février, des dizaines de milliers de personnes ont fui leur foyer à la suite de violents affrontements intercommunautaires survenus à Agok et ses environs, dans le nord du pays. Depuis, ils vivent dans des conditions précaires et sont pour beaucoup sans accès aux biens de première nécessité.

« La situation est dramatique. Les gens vivent dans des abris de fortune faits de bois et de tissus. En raison du manque de nourriture, les parents arrachent littéralement les feuilles des arbres et les font cuire pour nourrir leurs enfants, explique Susana Borges, cheffe de mission MSF au Soudan du Sud. Nous faisons de notre mieux pour répondre aux besoins, mais une aide supplémentaire est nécessaire de la part d’autres organisations pour faire face à l’ampleur de cette crise. »

Les habitants ont fui Agok et sa région soit en direction du nord, vers la ville d'Abyei, soit du sud, vers le comté de Twic, dans l'État de Warrap. Dans les six localités de ce comté où MSF intervient actuellement, il y a environ 33 000 personnes déplacées, dont une majorité de femmes et de jeunes enfants. La plupart vivent en plein air et beaucoup n'ont toujours pas accès aux biens de première nécessité comme les abris, la nourriture et l'eau potable.

Vue d'un bâtiment détruit sur le marché d'Agok suite aux violences intercommunautaires qui ont eu lieu début février. Soudan du Sud. 2022.
 © Scott Hamilton/MSF
Vue d'un bâtiment détruit sur le marché d'Agok suite aux violences intercommunautaires qui ont eu lieu début février. Soudan du Sud. 2022. © Scott Hamilton/MSF

Au cours des deux derniers mois, MSF a fourni 374 tonnes de nourriture et en moyenne 14,5 litres d'eau potable par personne et par jour sur les différents sites d’accueil. Les équipes ont également construit plus de 135 latrines et distribué des produits essentiels tels que des couvertures, des moustiquaires, des jerrycans et du savon à quelque 10 000 familles. Pourtant, les besoins des personnes déplacées ne sont pas couverts. Les organisations humanitaires ne se sont pas mobilisées assez rapidement et de manière adéquate, ce qui a entraîné une détérioration des conditions de vie dans les camps informels. 

Les équipes MSF ont mis en place des cliniques mobiles dans trois des différents sites où les personnes déplacées ont trouvé refuge. L'état de santé des patients qui viennent consulter est une conséquence des mauvaises conditions de vie et de l'accès limité à la nourriture. Le manque d'abris, de latrines et de moustiquaires expose les gens à des maladies comme le paludisme et le choléra. Avec la saison des pluies qui est sur le point de commencer, la situation sanitaire risque de se détériorer davantage si la réponse humanitaire n'est pas rapidement renforcée.

Des patients attendent une consultation médicale lors d'une clinique mobile MSF dans un camp de déplacés. Comté de Twic. Soudan du Sud. 2022.
 © MSF/Verity Kowal
Des patients attendent une consultation médicale lors d'une clinique mobile MSF dans un camp de déplacés. Comté de Twic. Soudan du Sud. 2022. © MSF/Verity Kowal

« La saison des pluies arrive et les gens ont des enfants en bas âge avec eux. Si la pluie tombe maintenant, ils n'ont pas de maisons où se réfugier, déclare Atem, un père de deux jeunes enfants vivant dans le camp de déplacés de Gomgoi, après avoir fui sa maison à Agok. Les gens souffrent vraiment. Ils ont absolument besoin d'un soutien en matière d'abris et de nourriture. »

Il est très peu probable que les gens rentrent chez eux bientôt, car ils craignent de nouvelles flambées de violence. « J'ai vu des gens qui ont été abattus, des gens innocents, des gens comme vous et moi. Les assaillants ont pillé ma maison et mon magasin, poursuit Atem. Comment puis-je envisager de repartir ? C'est mieux pour moi de souffrir ici. »

Durant les prochains mois, la population aura besoin d'un soutien continu afin que des conditions de vie décentes puissent être garanties et qu'elle dispose de nourriture et d'eau potable. Une action humanitaire durable est nécessaire pour subvenir aux besoins des personnes qui se retrouvent en situation d’extrême vulnérabilité après des mois de négligence.

Notes

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