Soudan du Sud : de graves inondations en cours menacent la situation sanitaire

Vue aérienne des inondations qui touchent la région du Grand Pibor, au Soudan du Sud. Pibor, octobre 2020.
Vue aérienne des inondations qui touchent la région du Grand Pibor, au Soudan du Sud. Pibor, octobre 2020. © MSF/Tetiana Gaviuk

Environ 800 000 personnes ont été affectées par les inondations qui touchent le Soudan du Sud depuis juillet dernier. Le niveau des rivières continue de monter, menaçant la situation sanitaire dans de larges parties du pays.

Médecins Sans Frontières (MSF) répond aux inondations en fournissant des soins dans les zones touchées des États de Pibor, de Jonglei, du Haut Nil et d’Unité. Les besoins médicaux ne cessent d’augmenter, les cas de paludisme sont de plus en plus nombreux et des flambées épidémiques sont à craindre.

« Ces inondations se produisent dans un contexte d’urgences multiples, dont la Covid-19, des combats accrus, une crise économique croissante et des niveaux élevés d'insécurité alimentaire, a déclaré Ibrahim Muhammad, chef de mission MSF au Soudan du Sud. Nous nous préparons à faire face à des flambées épidémiques dans toutes les zones touchées par les inondations, notamment les maladies diarrhéiques et le paludisme. Les risques sont plus élevés à cause des déplacements de populations et du surpeuplement dans certaines zones, des mauvaises conditions d'hygiène et du manque de latrines. »

Dans le Grand Pibor, l'une des régions les plus touchées du Soudan du Sud, MSF gère des cliniques mobiles dans cinq villages et une clinique d'urgence dans la ville même de Pibor. Au cours des deux derniers mois, MSF y a traité plus de 13 000 patients, dont plus de 5 000 enfants de moins de cinq ans. Environ la moitié de ces patients étaient soignés pour du paludisme, et plus de 160 enfants pour la rougeole.

 

Des habitants de la ville de Pibor s'approvisionnent en eau. Pibor, octobre 2020.
 © MSF/Tetiana Gaviuk
Des habitants de la ville de Pibor s'approvisionnent en eau. Pibor, octobre 2020. © MSF/Tetiana Gaviuk

Face à l’augmentation rapide de la malnutrition dans cette région, MSF se prépare à renforcer ses activités grâce à des cliniques mobiles, en plus du centre d'alimentation thérapeutique de Pibor. Les équipes distribuent également 60 000 litres d'eau potable chaque jour dans la ville, depuis la contamination des puits par les crues. Avec l’augmentation continue du niveau des eaux, elles doivent chercher d’autres lieux sur des terrains plus élevés pour installer la clinique MSF de Pibor.

À Old Fangak, une ville d'environ 30 000 habitants située dans l'État de Jonglei, les inondations ont commencé en juillet. « De nombreuses maisons sont inondées tous les jours, a expliqué Dorothy I. Esonwune, coordinatrice du projet MSF à Old Fangak. Les habitants d’Old Fangak tentent de construire des digues avec la boue qui se trouve autour de leurs maisons. »

À la suite des fortes pluies dans les villages environnants, 3 000 personnes sont arrivées à Old Fangak fin septembre. Environ 70 d’entre elles ont été soignées par les équipes MSF à l’hôpital de la ville, notamment pour des infections des voies respiratoires et des diarrhées aqueuses aiguës. La plupart des latrines de la ville ont été inondées, augmentant le risque de maladies d'origine hydrique.

 

Vue aérienne de la région du Grand Pibor, au Soudan du Sud. Pibor, octobre 2020.
 © MSF/Tetiana Gaviuk
Vue aérienne de la région du Grand Pibor, au Soudan du Sud. Pibor, octobre 2020. © MSF/Tetiana Gaviuk

À l'hôpital MSF de Lankien, dans l'État de Jonglei, le nombre de patients a diminué depuis les fortes crues qui ont rendu quasiment impossible l’accès à l’établissement. La piste d'atterrissage a été inondée, ce qui complique la livraison de fournitures médicales ou les transferts de malades vers d'autres établissements de santé.

Les patients qui arrivent dans les structures MSF décrivent des voyages éprouvants pour accéder aux soins. Lorsque Yoel, 13 ans, est tombé malade, son père Stephen Manyang Chan l'a transporté à la clinique MSF de Leer, dans l'État d’Unité. « Il n'y a pas de route pour aller à l'hôpital, seulement de l'eau », a raconté le père de famille, qui a marché pendant deux heures avec de l’eau jusqu’à la ceinture.

Les inondations ont affecté deux sites où MSF travaillait et menacent désormais le centre de soins de santé primaire de Leer. Les équipes ont récupéré les fournitures médicales et ont trouvé d’autres structures afin de continuer à prendre en charge les patients.

Dans l'État du Haut-Nil, elles ont mis en place une clinique d'urgence pour les villes de Canal et Khorfulus, qui ne sont accessibles que par bateau depuis la ville de Malakal. Elles ont traité des cas de paludisme et de diarrhée, effectué des dépistages de la malnutrition, fourni un soutien psychosocial et distribué des biens de première nécessité à 545 familles.

Une femme transporte du bois qui servira à reconstruire sa maison dans la ville de Pibor. Pibor, octobre 2020.
 © MSF/Tetiana Gaviuk
Une femme transporte du bois qui servira à reconstruire sa maison dans la ville de Pibor. Pibor, octobre 2020. © MSF/Tetiana Gaviuk

Dans les zones où les eaux sont trop hautes pour se déplacer à pied, les gens utilisent des radeaux de fortune construits avec des bâches en plastique ou des grands réservoirs transformés en canoës, avec une pelle pour ramer. Ceux qui restent pour protéger leur maison utilisent des sacs de sable ou construisent des murs en boue pour essayer d'arrêter l'eau.

« L'eau est montée tellement vite, a expliqué Tbisa Willion, 39 ans, qui vit dans la ville de Canal. Nous avons trouvé un abri dans une école, mais elle a aussi été détruite. Nous sommes ensuite allés chez notre voisin. Avec un canoë, on a essayé de revenir pour récupérer des affaires, mais nous n'avons trouvé que quelques assiettes. J'ai perdu mes poulets, mes dix chèvres. Je n'ai nulle part où aller. »

Alors que les inondations continuent d'affecter la population d’une large partie du Soudan du Sud, MSF mène des évaluations dans les États du Jonglei, du Haut Nil et d’Unité pour identifier les communautés les plus touchées.

Notes

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