Soudan du Sud : nouvelle vague de violences dans l’État de Jonglei

Gatwich, 35 ans, est soigné par une infirmière MSF dans la salle d'opération de l'hôpital de Bentiu.
Gatwich, 35 ans, est soigné par une infirmière MSF dans la salle d'opération de l'hôpital de Bentiu.  © Caterina Spissu/MSF

Depuis le début de l’année, l’État de Jonglei connaît des vagues de violence intercommunautaire récurrentes qui ont entraîné le déplacement de milliers de personnes, dont beaucoup se sont réfugiées dans la brousse sans accès aux soins. Fin juillet, les équipes MSF ont soigné plus d’une centaine de blessés de guerre en seulement une semaine dans la clinique de Pieri. 

En plus de la centaine de blessés traités dans la clinique MSF de Pieri la semaine du 28 juillet, 11 personnes ont été prises en charge pour des blessures par balle à Pibor, où MSF a repris ses activités. Le plus jeune blessé était âgé de trois ans seulement. Les deux villes sont le théâtre d’affrontements intercommunautaires depuis plusieurs mois. 

« Les affrontements se poursuivent depuis l’année dernière. Au début, on assistait à des pillages, des vols de bétail. Aujourd’hui, ce sont nos enfants qui meurent », raconte Sebit Burane, responsable de l'équipe infirmière MSF à Pibor.

Les hôpitaux en capacité de gérer des afflux massifs de blessés ayant besoin rapidement d’interventions chirurgicales sont rares dans le pays. Les patients de Pieri ont été évacués vers l’hôpital MSF de Bentiu pour y être opérés, tandis que ceux de Pibor ont été transférés à Juba, la capitale du pays.

« Le nombre de patients était stupéfiant, ce qui a mis l’équipe médicale sous pression d’autant plus que l’hôpital de Bentiu était déjà surchargé en raison du pic de paludisme », explique Tila Muhammad, chef de mission MSF au Soudan du Sud.

Ces dernières semaines, les transferts de patients ont été limités à cause des fortes pluies. Les pistes sont impraticables et les avions ne peuvent ni atterrir, ni décoller. « J'ai perdu cinq membres de ma famille. J’ai aussi été blessé et transporté en civière à Pieri. Il nous a fallu 11 jours pour atteindre la ville à cause des pluies », raconte Peter, un homme de 43 ans qui vient de Modit.

Reprise des activités à Pibor

Près de deux mois après la suspension des activités à Pibor, en raison des violences mais aussi des restrictions liées à la Covid-19, les équipes ont dispensé à nouveau des soins de santé primaires en ambulatoire dans le centre-ville. 

MSF a relancé les activités de soins de santé primaires ambulatoires d'urgence dans le centre de la ville de Pibor.
 © MSF
MSF a relancé les activités de soins de santé primaires ambulatoires d'urgence dans le centre de la ville de Pibor. © MSF

« C’est important d’intervenir à cette période de l'année car c’est à la fois la saison des pluies et la période de soudure : on sait qu’il va y avoir des taux élevés de malnutrition et de paludisme », précise Josh Rosenstein, coordinateur des urgences pour MSF à Pibor. 

Les équipes MSF ont réalisé plus de 1 500 consultations grâce à une clinique mobile et un centre de santé pour les urgences. Elles ont distribué des moustiquaires et fourni des soins prénatals à près de 300 femmes.

Depuis fin février, un gouvernement de transition est en place au Soudan du Sud. Si la capitale Juba est calme, des violences intercommunautaires continuent d’éclater dans l’État de Jonglei. 

 

Notes

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