Soigner les victimes de violences dans un climat d'insécurité permanente
Début 2009, les violences entre groupes rivaux se sont fortement intensifiées dans les États de Jonglei, du Haut-Nil, des Lacs et de Warrap. Elles ont causé la mort de centaines de personnes et ont poussé des milliers d'autres à fuir.
En mai, une attaque sur le village de Torkej situé dans le Haut-Nil, à la frontière de l'État de Jonglei, a fait de nombreux blessés. 57 victimes de ces violences ont été prises en charge dans notre hôpital de Nasir.
Beaucoup souffraient de plusieurs blessures par balle et nécessitaient un suivi et des soins post-opératoires. La majorité des victimes étaient des femmes et des enfants.
En outre, plusieurs milliers de civils ont fui à cause de ces affrontements incessants. 2 000 personnes se sont réfugiées dans les environs de Nasir et Jigmir.
L' hôpital de Nasir dispense des soins de base et des soins secondaires. L'équipe propose notamment des soins nutritionnels et gynéco-obstétriques, des traitements contre la tuberculose et la leishmaniose viscérale (une maladie parasitaire mortelle) et pratique des interventions chirurgicales.
En mars et avril 2009, deux autres affrontements violents ont eu lieu dans les comtés de Pibor et Akobo, dans l'État de Jonglei.
Au moins 15 000 personnes fuyant les violences se sont réfugiées à Akobo, au sud de Nasir, près de la frontière éthiopienne. MSF a envoyé une équipe à l'hôpital d' Akobo pour aider le personnel. 36 blessés, par balle pour la plupart, y ont été soignés. Huit patients ont été transférés par avion vers l'hôpital de Leer (État de l'Unité), géré par MSF, afin d'y être opérés. MSF a également approvisionné l'hôpital d'Akobo en nourriture, matériel médical, moustiquaires et couvertures pour les blessés et leurs aides-soignants.
De l'autre côté de l'État de Jonglei, suite à des attaques survenues début mars à Lekwongole, dans le comté de Pibor, une autre équipe MSF a évacué des blessés vers l'hôpital de Pibor. Plus de 40 personnes ont été soignées pour des blessures par balle. Parmi les plus gravement blessées, 22 personnes ont été transférées par avion vers les hôpitaux de Juba et Boma pour subir les interventions chirurgicales urgentes dont elles avaient besoin.
Des villages attaqués à la frontière congolaise
Fin 2008, les rebelles ougandais de la LRA (Lord's Resistance Army / Armée de résistance du Seigneur) ont perpétré des attaques près de la frontière congolaise et en République démocratique du Congo (RDC). Des milliers de Soudanais ont alors fui leur maison et des Congolais ont franchi la frontière pour aller chercher refuge au Soudan.
En réponse, MSF a lancé un programme de soutien à deux centres de soins primaires, à Gangura et Sakura, dans l'État du Western Equatoria, près de la frontière avec la RDC. Fin 2008, 7 200 consultations avaient été données aux réfugiés et aux habitants locaux dans ces deux régions.
En janvier 2009, de nouveaux déplacés sont arrivés dans cette région. MSF a donc lancé une intervention d'urgence dans l'État du Western Equatoria. Des équipes mobiles sont intervenues à Ezo, Naandi et Makpandu où elles ont soutenu des centres de santé primaire, proposé un accompagnement psychologique, dépisté des problèmes nutritionnels et référé des patients. Elles ont également animé des formations pour le personnel du ministère de la Santé, fourni du matériel médical et assuré une assistance logistique.
Dès février, les équipes MSF présentes dans l'État voisin du Central Equatoria ont porté assistance aux réfugiés congolais à Lasu, à environ 50 km de la frontière avec la RDC. Au début, MSF était présente dans deux camps, à Libogo et Nyori, où plus de 6 000 personnes ont cherché refuge. Dans ces deux camps, la majorité des réfugiés sont arrivés de RDC sans aucun des biens nécessaires à leur survie. Les équipes de MSF ont fourni des abris, réparé des forages, construit des douches et des latrines.
En mars, lorsque le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) a monté le camp de Nyori, MSF y a mis en place un centre de santé avec une unité d'hospitalisation et une pharmacie.
MSF y donne des consultations de médecine générale, dispense des soins prénataux, pratique des accouchements et prend en charge la malnutrition. Au cours de la première semaine, 500 consultations ont été données. Les équipes de MSF ont également construit 39 latrines communes pour le camp et réalisé deux nouveaux forages. Des « promoteurs de santé » ont été embauchés afin de sensibiliser les réfugiés aux maladies comme la tuberculose, le paludisme ou les maladies hydriques. MSF a également vacciné 1 638 enfants contre la rougeole dans le camp.
Répondre aux épidémies
Les épidémies sont courantes au Soudan. Au cours des premiers mois de l'année 2009, les équipes de MSF ont pris en charge plusieurs cas de choléra à Peth, à l'est d'Aweil, dans l'État du Nord Bahr-el-Gazahl, à Pibor dans l'État de Jonglei et dans la ville de Gogrial, dans l'État de Warrap. Lorsque c'était possible, MSF a travaillé en collaboration avec le ministère de la Santé et proposé des traitements, du matériel médical, des tentes et du personnel en fonction des besoins.
Dans le comté de Juba, dans l'État du Central Equatoria, où des cas de choléra apparaissent chaque année, MSF a débuté des activités préventives. Dans les communautés à risque comme Kator ou Munuki, MSF a mené des actions de sensibilisation à la Santé et d'approvisionnement en eau propre. Afin d'améliorer l'hygiène et réduire le nombre de décès liés à des maladies hydriques, MSF répare des forages existants et en réalise de nouveaux, notamment dans quatre centres de santé, afin de fournir de l'eau propre.
En février, MSF a répondu à une épidémie de méningite à Kapoeta, dans l'État de l'Eastern Equatoria, en vaccinant 65 322 personnes et en apportant son aide aux structures de santé pour le traitement des personnes atteintes de ces maladies.
En collaboration avec d'autres organisations, MSF a également répondu à l'apparition de cas de méningite dans le nord de l'État de l'Unité.
Dispenser des soins médicaux à tous les niveaux
MSF poursuit ses activités dans les autres régions du Soudan. Étant donné l'absence de personnel médical, de structures, de routes, de moyens de transport, d'autres organisations humanitaires et d'investissement dans le secteur de la Santé, MSF est souvent la seule organisation médicale à être présente sur place.
À Aweil, dans l'État de Bahr-el-Gazahl, MSF soutient un hôpital où l'organisation se concentre sur les soins gynéco-obstétriques, pédiatriques et nutritionnels. Dans les zones disputées d'Abyei et de la région d'Agok, dans l'État de Warrap, MSF gère un centre de consultation et prodigue des soins nutritionnels dans des dispensaires fixes et mobiles. En 2008, 8 950 consultations ont été données, et plus de 1 200 enfants malnutris sévères ont été soignés. En 2009, un programme de santé génésique a été mis en œuvre dans la région d'Abyei. MSF y dispense des soins prénataux et pratique des accouchements dans de bonnes conditions.
À Pieri, Lankien et Pibor dans l'État de Jonglei, à Nasir dans l'État du Haut-Nil et à Leer dans l'État de l'Unité, le personnel médical dispense tous les types de soins médicaux. Les équipes donnent aussi bien des consultations pour des infections respiratoires que des interventions chirurgicales. En 2008, les équipes médicales ont donné plus de 360 000 consultations et presque 20 000 consultations prénatales. Elles ont pratiqué 1 098 interventions chirurgicales, qui étaient, pour la plupart, des interventions d'urgence suite à des blessures par balle. En 2008, 8 300 patients ont été hospitalisés et 492 personnes ont commencé un traitement contre la tuberculose.
Le paludisme est un problème de santé publique de plus en plus inquiétant. En 2007, 4 400 personnes avaient été traitées contre le paludisme dans l'hôpital de Leer. En 2008, elles étaient 25 500 et au cours des quatre premiers mois de 2009, l'équipe MSF a déjà soigné 14 000 patients.