Sud-Soudan : Témoignage d’une victime du kala-azar

Un enfant atteint de pneumonie au au centre de santé de Gogrial dans l\'état de Warrap au Sud Soudan  novembre 2010
Un enfant atteint de pneumonie au au centre de santé de Gogrial, dans l\'état de Warrap, au Sud-Soudan - novembre 2010 © Cédric Gerbehaye/Agence Vu

Une mère soudanaise raconte comment trois de ses enfants ont été atteints par le kala-azar et comment ils ont été pris en charge par l'équipe MSF de l'hôpital de Malakal, au Sud-Soudan.

Je m'appelle Thinjin Wal et j'ai quatre enfants. Trois de mes fils sont hospitalisés ici, à l'hôpital de Malakal, et sont traités contre le kala-azar. Mon plus jeune fils, Deng, n'a que deux ans. En septembre, il est tombé gravement malade et a souffert d'une forte fièvre durant plusieurs semaines. Il vomissait et avait la diarrhée, puis il est devenu très maigre. Je l'ai amené à la clinique de Baliet, qui est la plus proche de mon village d'Abong. Là-bas, ils nous ont dit qu'il était atteint de paludisme, et on lui a administré, sans succès, des médicaments contre cette maladie. Par la suite, on l'a traité contre la typhoïde. Ce fut un autre échec.

Comme le personnel de la clinique ignorait de quoi souffrait Deng, on nous a transférés à l'hôpital de Malakal, il y a maintenant 45 jours. À Baliet, il n'existe aucun test de dépistage du kala-azar*. Nous l'avons conduit à l'hôpital de Malakal où nous avons découvert que MSF y avait ouvert un centre de traitement du kala-azar. Le médecin de MSF nous a finalement confirmé qu'il souffrait de cette maladie, puis il a commencé à le soigner.

Le traitement contre le kala-azar est très difficile. Durant sa thérapie, Deng a souffert de la jaunisse. Il a dû recevoir une transfusion sanguine de son oncle, ce qui l'a aidé à s'en remettre. Deng a également contracté une pneumonie. Il était tellement malade que nous craignions pour sa survie. Le médecin MSF a fait tout son possible pour le sauver, puis, peu à peu, il a fini par se rétablir. Aujourd'hui, il est guéri autant de la pneumonie que du kala-azar, et il a pu rentrer chez lui. Le mois dernier, jamais nous n'aurions cru qu'il serait aujourd'hui sur pied et en bonne santé!

Alors que nous étions à Malakal pour le traitement de Deng, deux autres de mes fils, Makong et Garang, tous deux sept ans, sont également tombés malades. Makong souffrait de fortes fièvres chaque soir, avait une toux sèche et avait perdu l'appétit. Garang quant à lui a commencé à vomir et à avoir la diarrhée, et il souffrait également d'une toux sèche et d'une perte d'appétit. Ils ont tous deux perdu beaucoup de poids.

Ils ont subi le test de dépistage du kala-azar au centre de traitement de MSF à Malakal, et les tests se sont avérés positifs dans les deux cas. Ils sont actuellement sous traitement. Garang pleure beaucoup lorsqu'on lui fait ses piqûres car elles lui font mal. Chaque jour, nous devons supplier les enfants de se laisser faire. Ils essaient de résister et je dois donc les emmener à l'hôpital tous les jours pour m'assurer qu'ils reçoivent leur piqûre. Cette situation est pénible, mais nous devons passer par là pour que les enfants guérissent.

Mon mari est venu à Malakal la semaine dernière pour nous dire que nous devions revenir au village, car le blé était prêt à être récolté et que le champ devait être protégé des insectes. Il est resté avec moi toute la semaine afin de m'aider avec les enfants. Demain, Makong recevra ses dernières piqûres, puis mon mari le remmènera au village pour qu'il l'aide au champ. De mon côté, je resterai ici avec Garang jusqu'à la fin de son traitement, et je garderai Deng avec moi car il est encore petit.

Nous devons faire face à de nombreux obstacles, mais nous sommes très reconnaissants que nos enfants soient de nouveau en bonne santé, et que nous puissions très bientôt être tous réunis dans notre village.

*L'intervention d'urgence contre le kala-azar a commencé à l'hôpital de Malakal. Les équipes de sensibilisation MSF ont ensuite mené des opérations dans les régions plus éloignées. Il y a trois semaines, les équipes MSF ont mis sur pied un centre de traitement du kala-azar à Baliet.

Dossier : situation humanitaire et médicale au Soudan

 

Notes

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