Syrie, Idlib : des milliers de nouveaux déplacés s’entassent dans des camps déjà surpeuplés

Gouvernorat d'Hama, dans le nord-ouest de la Syrie. Mai 2018
Gouvernorat d'Hama, dans le nord-ouest de la Syrie. Mai 2018 © Mohammed Homidan

Entre vendredi 11 et samedi 12 mai, près de 5 500 Syriens sont arrivés en bus à Qalaat al Madiq, dans le gouvernorat de Hama, où Médecins Sans Frontières (MSF) soutient un hôpital et un point d’accueil médical. Ils viennent s’ajouter aux quelque 60 000 Syriens qui ont été déplacés ces deux derniers mois depuis les zones assiégées par le régime, comme la Ghouta orientale, vers le nord-ouest de la Syrie.

Samedi matin, environ 2 700 Syriens sont arrivés sous des pluies diluviennes à Qalaat al Madiq, après 18 heures de bus. Ils ont été évacués des zones assiégées par le régime syrien situées au sud de Damas et au nord de Homs. Après la Ghouta, l’offensive militaire du régime visant à évacuer les dernières enclaves se poursuit en Syrie.

Épuisées par le voyage, les familles se sont réfugiées là où elles pouvaient se mettre à l’abri de la pluie, en attendant de trouver un logement - une chambre louée pour ceux qui en ont les moyens ou une tente dans l'un des nombreux camps déjà surpeuplés de la région. « Les personnes évacuées des zones assiégées arrivent dans un état médical difficile, explique Hassan Boucenine, chef de mission MSF pour la Syrie. Il y a bien sûr les blessés par les combats et les bombardements, mais aussi ceux qui ont vécu pendant des mois dans des tunnels et des caves pour se protéger. Certains ont été opérés à la hâte, et ont par exemple besoin de séances de physiothérapie pour les aider à récupérer en mobilité. »

Dans un premier convoi arrivé vendredi matin et qui transportait plus de 2 800 personnes, 132 personnes ont été pris en charge et soignés. Dix-huit d'entre elles ont été blessées dans les combats, cependant la majorité présentait des pathologies non-liées au conflit, notamment des infections respiratoires. « Nous avons reçu des enfants sous-alimentés parmi les personnes arrivant du nord de Homs », a déclaré l’un des médecins de l'hôpital soutenu par MSF.

Plus de 325 000 Syriens

déplacés vers le nord et l’ouest de la province d’Idlib.

Fin 2017, le régime syrien et son allié russe ont lancé une campagne de raids aériens sur le sud et l’est d’Idlib, entraînant le déplacement de plus de 325 000 Syriens vers le nord et l’ouest de la province. « Cette situation a accentué la pression démographique, notamment dans les camps près de la frontière turque, ainsi que celle déjà existante sur les structures sanitaires. 2,5 millions de personnes vivent dans le gouvernorat d’Idlib, soit deux fois plus qu’avant le début du conflit, et la moitié d’entre elles ont été déplacées à cause des combats », ajoute Hassan Boucenine.

À la suite de l'offensive du gouvernement syrien sur l'enclave de la Ghouta orientale, MSF a renforcé en avril sa réponse d'urgence aux personnes déplacées dans le nord-ouest de la Syrie. Depuis, plusieurs milliers de Syriens ont été évacués vers le gouvernorat d'Idlib, accentuant davantage la pression démographique. Les combats incessants entre groupes armés et la capacité limitée des structures sanitaires pèsent lourdement sur le quotidien des déplacés d’Idlib et du nord de Hama.

Gouvernorat d'Hama, dans le nord-ouest de la Syrie. Mai 2018
 © Mohammed Homidan
Gouvernorat d'Hama, dans le nord-ouest de la Syrie. Mai 2018 © Mohammed Homidan

« À Qalaat Al Madiq, nous avons fait des dons de matériel médical et fourni une tente pour le triage des patients, afin de répondre aux besoins médicaux de ces personnes, dès qu’elles descendent des bus qui les ont évacuées des zones assiégées », explique Sonja Van Osch, coordinatrice médicale de MSF.

« Nous soutenons également plusieurs hôpitaux de la région à qui nous fournissons des médicaments, des vaccins et des équipements médicaux, en plus de couvrir les coûts de fonctionnement et contribuer aux salaires du personnel. Plusieurs organisations se sont mobilisées, mais cette aide doit être soutenue étant donné l’afflux de personnes en situation de grande précarité et nécessitant des soins. »

À Idlib et dans le nord de Hama, MSF gère un hôpital spécialisé dans les brûlures et les traumatismes, ainsi que des cliniques mobiles, et soutient plus de 15 hôpitaux et cliniques. Les équipes de MSF distribuent également des kits de première nécessité, comprenant des couvertures, du savon et des matelas, et mènent des campagnes de vaccination.

Notes

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