Syrie : le point sur la situation et les activités de Médecins sans Frontières dans le nord du pays

Des personnes déplacées près de Jebel Harem, dans le nord-ouest de la Syrie.
Des personnes déplacées près de Jebel Harem, dans le nord-ouest de la Syrie.  © MSF

L’offensive de groupes d’opposition syriens, menée par le groupe Hayat Tahrir al-Cham (HTC) a conduit le 8 décembre à la chute du régime Syrien après 13 années de guerre et à une reconfiguration territoriale. Dans le nord du pays, lArmée nationale syrienne (ANS) a mené une offensive visant Tal Rifaat, ville contrôlée par les Forces démocratiques syriennes (FDS), ce qui a conduit au déplacement d'environ 80 000 personnes vers le nord-est syrien, dans les régions de Tabqa, Raqqa et Hassakeh. Médecins Sans Frontières (MSF) fournit une assistance humanitaire à des milliers de personnes déplacées.  

Dans les écoles et les stades hébergeant les familles déplacées, la situation est extrêmement précaire. Elles n’ont pas de couverture ni de chauffage alors que les températures peuvent être négatives. Les latrines, l'eau potable et la nourriture sont en quantité insuffisante, ces centres n’étant pas prévus pour accueillir autant de personnes, et les services médicaux ont été rapidement débordés.  

Au cours de la dernière semaine, les équipes de MSF ont mis en place une clinique mobile à Tabqa et distribué plus de 10 000 bouteilles d'eau, 200 tentes, du lait infantile, des couches, des couvertures et des matelas aux personnes déplacées. MSF a également acheminé de l'eau par camion vers les centres collectifs et a fourni des abris d'urgence. Entre-temps, les affrontements se sont étendus à Manbij, à l'ouest de Raqqa, menaçant la région d'une nouvelle vague de déplacements et d'une instabilité croissante. 

© Anas Al Kharboutli

« Sans issue - Syrie, 10 ans de guerre »

Voir le documentaire multimédia

« Nous nous engageons à continuer à répondre aux nouveaux besoins de la population », déclare Martine Flokstra, responsable des opérations de MSF en Syrie. « Cependant, l'ampleur des besoins dépasse les capacités et les ressources disponibles des intervenants. Les populations vulnérables, dont beaucoup ont été déplacées à plusieurs reprises, ont besoin d'une augmentation urgente et significative de l'aide humanitaire pour les soutenir. »

Dans le nord-est de la Syrie, MSF soutient depuis plusieurs années des cliniques de santé primaire où elle fournit des soins aux personnes atteintes de maladies non transmissibles, des soins de santé mentale et de traitement de la malnutrition et gère une salle d’urgence à Raqqa. À Al-Hol, un camp de réfugiés devenu une prison à ciel ouvert après l’arrivée de personnes depuis les territoires contrôlés par l’Etat Islamique en 2018, et où deux tiers des habitants sont mineurs, MSF a également mis en place une station de purification d'eau. Dans la zone annexe du camp, MSF gère une clinique ainsi que des cliniques mobiles.

Soutien aux structures de santé du nord-ouest du pays

Dans le nord-ouest de la Syrie, à la suite des combats qui ont démarré fin novembre, MSF a apporté un soutien logistique et en ressources humaines et a fait des donations de kits médicaux et de fournitures essentielles à la banque du sang de Atareb ainsi qu’à plusieurs centres de santé et hôpitaux ayant reçu des blessés. MSF a également distribué des kits d’hygiène, des matelas et des couvertures à 300 familles, déplacées à Idlib par les combats dans la région d’Alep à la fin du mois de novembre. La plupart de ces déplacés sont déjà rentrés chez eux, l’offensive n’ayant duré que quelques jours.  

Avant l’offensive ayant fait tomber le régime, le nord-ouest de la Syrie était peuplé de 5.1 millions de personnes dont 3.4 millions de déplacés par la guerre. Depuis la fin du mois de novembre 2024, des milliers de personnes ont temporairement quitté les camps pour tenter de retourner chez eux, mais reviennent après avoir constaté les destructions de leurs maisons et l’absence de services essentiels comme l'eau, l'électricité, les soins médicaux et la scolarisation.  

Depuis dix ans, MSF fournit des soins dans la région grâce à sept cliniques mobiles et son soutien à six hôpitaux et douze centres de santé. Par ailleurs, MSF continue de gérer l’hôpital d’Atmeh, seule structure de la région capable de prendre en charge les brûlés. La construction d’un hôpital avec une maternité est en cours à Jandaris.  

MSF se tient prête à intervenir dans d’autres régions en fonction des besoins, y compris dans des zones auparavant sous le contrôle du régime syrien, auxquelles elle n’avait pas eu accès depuis 2011.

Notes

    À lire aussi