Le centre-ville est coupé du reste du pays. Taïz est sous l'administration du gouvernement du Yémen, internationalement reconnu, tandis que le côté nord de la ville fait partie du gouvernorat de Taïz, contrôlé par Ansar Allah. Pour éviter la ligne de front, un voyage qui prenait 10 minutes avant le conflit nécessite environ cinq à six heures. Les déplacements sont aujourd'hui coûteux, longs et épuisants.
Le conflit a également engendré, comme ailleurs dans le pays, des défis économiques importants : augmentation des prix de la nourriture et d'autres produits de première nécessité - parfois jusqu'à 500 fois le prix initial - diminution du pouvoir d'achat, paiementsdes salaires rares et aléatoires, notamment pour les employés du gouvernement tels que les agents de santé, et fermeture de plusieurs établissements médicaux.
« Je travaille comme infirmière pédiatrique à l'hôpital Al-Thura de Taïz. Je ne perçois pas régulièrement mon salaire alors j'exerce un deuxième travail de nuit dans un hôpital privé. Les prix des denrées alimentaires sont si élevés que mes deux salaires ne suffisent pas pour mener une vie correcte », explique Ahmad. Plus de la moitié des établissements de santé publics au Yémen sont totalement ou partiellement non fonctionnels. Certains de ceux qui sont ouverts sont sur le point de fermer, faute de médicaments, de personnels et de fonds. Et la population a des difficultés à se procurer des médicaments.
Hanan Rasheed Abdu Ali, 40 ans, a été admise au service postopératoire après avoir accouché de son troisième enfant par césarienne à la maternité de l'hôpital d'Al-Jamhouri, soutenue par MSF dans la ville de Taïz. Hanan a parcouru sept heures de route depuis la ville d'Aden, où elle habite avec son mari, pour bénéficier d'une césarienne qu'elle n'aurait pas eu les moyens de payer dans un hôpital public ou privé.
En tant que plaque tournante aux niveaux économique, éducatif et sanitaire de la région, le siège de Taïz a créé un effet de ruissellement négatif non seulement sur la ville et le gouvernorat, mais aussi sur les zones environnantes.