« Après des missions au Nigeria, en Haïti ou au Tchad, je suis partie cinq mois sur le terrain à l’hôpital de Koutiala, dans le sud du Mali. MSF y mène un programme de pédiatrie, dans une région où près de 200 enfants sur 1 000 décèdent avant l’âge de cinq ans, contre seulement quatre en France.
Je suis arrivée en plein pic de paludisme. Les enfants sont d’autant plus touchés qu’ils sont en situation de malnutrition, affaiblis par une nourriture trop pauvre en calories, insuffisante à leurs besoins nutritionnels. Les plus jeunes sont les plus fragiles.
Ils sont plus exposés aux infections et en sont plus fortement affectés. Mais la prise en charge précoce et les soins permettent d’obtenir des améliorations rapides. En un à deux jours, on ramène à la vie des enfants atteints de paludisme.
Pour la malnutrition, c’est bien plus long, surtout chez les tous petits. Quand Tidiani, deux ans et demi, nous a été confié, il souffrait d’une malnutrition aiguë sévère et son état de santé était alarmant. Assis dans son lit, le visage tendu, il nous regardait de ses grands yeux graves. Après un mois de traitement, il ne reprenait pas de poids.
Lors d’une visite de routine, un samedi après-midi, je l’ai trouvé prostré dans la chambre, en larmes, lui qui ne se plaignait jamais. Je l’ai ausculté et immédiatement fais conduire en chirurgie. Tidiani souffrait d’une tumeur et de perforations intestinales.
Première intervention, soins, seconde opération… En 6 mois d’hospitalisation, ce petit garçon et moi sommes devenus très proches. Je me souviendrai toujours de la première fois où il m’a souri parce qu’il pouvait à nouveau se tenir sur ses jambes. Grâce à toute l’équipe médicale qui s’est mobilisée autour de lui, Tidiani a quitté l’hôpital en pleine forme. »