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Ukraine : à Hostomel, restaurer l'accès aux soins

L'équipe MSF à Hostomel travaille aux côtés de professionnels de la santé ukrainiens comme le Dr Olena Yuzvak, qui a continué à fournir des soins médicaux lorsque la ville faisait face à de violents combats.
L'équipe MSF à Hostomel travaille aux côtés de professionnels de la santé ukrainiens comme le Dr Olena Yuzvak, qui a continué à fournir des soins médicaux lorsque la ville faisait face à de violents combats. © Alexander Glyadyelov

Entre le 25 février et le début du mois d'avril, la ville d'Hostomel, dans la banlieue de Kiev, a été le théâtre de combats féroces et a été pendant un temps sous le contrôle des forces russes. Dès que la situation sécuritaire s'est améliorée, une équipe MSF s'est mobilisée pour aider à relancer les services médicaux dans la ville.

« Dès les premiers jours de la guerre, lorsque les hostilités ont commencé sur le territoire de la communauté d'Hostomel, c'était tout simplement horrible. Il y avait beaucoup de blessés : des blessures par éclats d'obus, des contusions, se souvient le Dr Olena Yuzvak. Les gens avaient peur. Il fallait les rassurer. Ils ne savaient pas ce qui se passait. Nous n'étions pas prêts pour ce qui s'est produit ». 

Au cours des semaines suivantes, le docteur Yuzvak a fait tout ce qu'elle pouvait pour continuer à fournir des soins médicaux. « Tout le temps où nous étions sous occupation, les soldats étaient assis ici, dans la clinique, raconte-elle. Je ne me déplaçais pas dans la communauté car c'était très dangereux. Les gens venaient chez moi. Les voisins apportaient des médicaments et j'avais mon propre stock. Nous les découpions avec des ciseaux et les distribuions selon les besoins. Certaines personnes avaient besoin d'antibiotiques, d'autres d'antihypertenseurs. Nous nous sommes débrouillés avec ce que nous avions. »

Après la fin des combats et le retrait des troupes russes, les dommages causés aux infrastructures civiles étaient impressionnants. « Je me souviens que nous y sommes allés le premier jour, nous étions dans la voiture et personne ne parlait. Tous ces tanks, les voitures [brûlées]. Et la destruction... c'était inimaginable. Les gens ont alors commencé à demander : « Comment allez-vous ? » ou « Je suis encore en vie mais pas mon mari, ni mon fils ». C'est devenu réel à ce moment-là. Jusque-là, c'était comme dans un film, cela ne semblait pas possible », confie Anja Wolz, coordinatrice des urgences MSF.

Les violents combats ont causé des dommages importants à de nombreux bâtiments de Hostomel.
 © Alexander Glyadyelov
Les violents combats ont causé des dommages importants à de nombreux bâtiments de Hostomel. © Alexander Glyadyelov

Dès que la situation sécuritaire a été relativement sûre, une équipe MSF s'est mobilisée pour relancer les services médicaux à Hostomel. « La première semaine, nous avons effectué des visites à domicile. Nous étions accompagnés d'un médecin, Rachel, qui soignait les gens principalement pour des soins basiques ou des troubles liés aux événements, comme l'insomnie. Les gens étaient très heureux de nous voir, de retrouver une situation relativement normale et de pouvoir recevoir des soins. Désormais, de plus en plus de médecins reviennent. Nous effectuons maintenant des consultations pour des soins d'urgence et fournissons des médecins aux cliniques locales », explique Kateryna Kycha, membre de l'équipe MSF.

Le Dr Svyatoslav Adamenko, qui a grandi à Hostomel, est revenu pour aider. « Ceux qui n'ont pas quitté Hostomel pendant les combats sont surtout des personnes âgées ou des personnes gravement malades qui ne voulaient pas partir. Les consultations médicales concernent principalement les maladies chroniques - hypertension, asthme, parfois pneumonie à cause des conditions de vie dans des sous-sols sans chauffage. J'ai vu quelques patients en phase aiguë qui ont besoin d'être hospitalisés. Il y avait un homme, un grand-père, avec une déchirure musculaire. Il est resté allongé pendant deux semaines, puis a été évacué. Nous n'avons pas la capacité de l'aider ici pour l'instant », explique-t-il. 

Le docteur Svyatoslav Adamenko a grandi à Hostomel. Lorsque la région était occupée, il travaillait à Bucha, une ville voisine. Après le retrait des forces russes, il est retourné dans la ville pour fournir des soins médicaux.
 © Alexander Glyadyelov
Le docteur Svyatoslav Adamenko a grandi à Hostomel. Lorsque la région était occupée, il travaillait à Bucha, une ville voisine. Après le retrait des forces russes, il est retourné dans la ville pour fournir des soins médicaux. © Alexander Glyadyelov

La psychologue de l'équipe, Yulia Korzh, voit plus de dix patients par jour. Elle mène des séances de conseil en groupe et répond aux demandes individuelles. Elle a rapidement compris que beaucoup de patients auraient besoin d'un soutien psychologique. « Il y avait surtout des personnes âgées, de plus de 60 ans. Au début, je pensais qu'un soutien psychologique n'était pas nécessaire. Mais en étant ici, j'ai réalisé qu'elles ont besoin de parler, de s'exprimer, de raconter leur histoire. Lorsqu'on est à l'écoute d'une personne, elle commence à révéler ses problèmes et à communiquer plus profondément. On se rend alors compte qu'il y a des problèmes psychologiques qui doivent être réglés. » 

Yulia Korzh se souvient d'un patient qui a dû être amputé de ses doigts. « Il ressentait des douleurs fantômes et s'inquiétait de savoir comment continuer à vivre, comment continuer à travailler. Il est programmeur et a besoin de ses doigts pour travailler. Nous avons cherché une solution pour qu'il puisse trouver un emploi - une alternative qui lui plairait. Il va devoir vivre sans doigts et s'adapter à cette réalité. »

Les gens reviennent lentement à Hostomel et les services essentiels tels que le gaz, l'eau et l'électricité sont rétablis. Les volontaires ont nettoyé les rues et la ville commence à redevenir normale. Mais la guerre n'est pas encore terminée. Le personnel médical ukrainien continue de répondre aux besoins médicaux urgents de plus long terme, notamment en matière de santé mentale. « Aujourd'hui, nous avons organisé une consultation externe dans l'un des centres de santé de la ville. Nous l'avons nettoyé car il était sale. Il y avait du sang, des ordures ; nous avons scellé les fenêtres. Le minimum de confort qui pouvait être apporté à ce jour, nous l'avons apporté. Chaque jour, nous tentons de renforcer nos services de soins » explique le Dr Yuzvak. 

Notes

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