Un jour, on nous a dit qu'un convoi allait partir. Nous nous sommes engouffrés dans ma vieille voiture pour rejoindre le point de départ. Nous avons informé un maximum de personnes, mais il y a tant de gens que je n'ai pas pu prévenir à cause des coupures de réseau.
Au moment du départ, c'était la panique. Il y avait des tas de voitures dans tous les sens. L'une d'elles transportait tellement de personnes qu'il était impossible d'en compter les passagers, le visage écrasé contre les fenêtres. Malgré le manque de carte et la peur de prendre une mauvaise direction, nous sommes parvenus à sortir de Marioupol.
Quand j'ai eu Internet à nouveau, j'étais effondré en voyant toutes ces images de ma ville en flammes. Je ne parviens pas à trouver les mots pour décrire ce que je ressens. Un seul me vient : pourquoi ?
Il m'est difficile de penser à toutes les personnes qui sont encore là-bas. Je suis mort d'inquiétude pour ma famille. J'ai essayé de retourner à Marioupol pour les évacuer, mais je n'y suis pas parvenu. Je n'ai plus aucune nouvelle d'eux.
Cela fait un mois que ce cauchemar a commencé. Chaque jour, la situation empire. Chaque jour, les habitants de Marioupol tentent de se cacher dans des sous-sols ou des maisons en ruine. D'autres meurent à cause des bombardements et du manque de nourriture, d’eau et de soins de santé.
*Pour des raisons de sécurité, nous ne partageons que son prénom.