La décision du Comité Humanitaire des autorités de la « DPR » prive 146 patients d’un traitement vital. Dans ces conditions, MSF ne peut plus s’engager à reprendre ses activités dans la colonie pénitentiaire 3, où l’organisation travaillait depuis 2011.
MSF reste cependant engagée à reprendre toutes les autres activités dans la région qui ont été stoppées après le retrait de son accréditation. Les besoins restent importants pour les patients souffrant de maladies chroniques telles que le diabète, les pathologies cardiaques ou les insuffisances rénales. Il est essentiel que l’organisation puisse reprendre son travail dans la région afin d’offrir une assistance médicale aux patients qui en ont besoin.
«Nous regrettons profondément d’avoir dû mettre fin à notre soutien au programme TB-MR, explique Gabriela Das, coordinatrice médicale de MSF en Ukraine, mais les conditions de travail incertaines auxquelles a dû faire face MSF ces derniers mois ne nous permettent plus d’attendre et d’espérer pouvoir continuer cette activité. Un programme contre la tuberculose ne peut pas être fréquemment interrompu : d’un point de vue médical et éthique, ce serait irresponsable. Si les patients ne peuvent pas prendre leurs médicaments pendant un certain temps et ne reçoivent pas le soutien nécessaire pour ce traitement long et pénible, cela crée des résistances supplémentaires aux médicaments. Et c’est ce qui est dangereux pour le patient et qui constitue un risque de santé publique.» MSF cesse donc les négociations avec les autorités de la DPR sur la reprise des activités qu’elle menait dans le système pénitentiaire.
Les données scientifiques tendent en effet à montrer une corrélation entre la réussite du traitement et le nombre de fois où le patient l’interrompt et le reprend. Il a été observé que les chances de guérison des patients diminuent nettement en fonction du nombre de fois où le traitement a été interrompu et repris. En outre, il y a de réels problèmes de santé publique, étant donné que l’interruption du traitement est directement liée à l’augmentation de la résistance de la bactérie de la tuberculose aux traitements de première et seconde ligne.
MSF avait commencé à travailler, en 2011, à Donetsk en collaboration avec les autorités locales pour offrir un accès au traitement aux personnes souffrant de tuberculose multirésistante dans le système pénitentiaire. Ces cinq dernières années, 756 patients ont été pris en charge par le programme, parmi lesquels 146 étaient sous traitement au moment de l’arrêt des activités de l’organisation.
MSF ne reprendra ses activités qu’aux conditions suivantes : la garantie d’un accès ininterrompu pendant deux ans au minimum pour permettre aux patients actuellement dans le programme de finir leur traitement ; la présence continue sur le terrain du personnel national et international de MSF pendant cette période pour assurer un soutien direct aux patients, dans le respect des normes de qualité ; et l’engagement des autorités à ce que MSF puisse acheminer le matériel et les médicaments nécessaires au fonctionnement du programme sans intermédiaires et sans l’interférence d’acteurs externes non impliqués dans le programme.
Le 19 octobre, MSF a reçu une notification écrite du Comité Humanitaire l’avisant que son accréditation en République autoproclamée de Donetsk avait été retirée et que l’organisation devait cesser immédiatement ses activités. Le motif de cette décision n’’a pas été donné à MSF. « Ces dernières semaines, nous avons tenté de trouver un accord pour reprendre nos activités pour la santé de nos patients, y compris ceux souffrant de tuberculose multirésistante, mais il est maintenant trop tard pour reprendre ce programme. Toutefois, nous restons déterminés à reprendre toutes les autres activités aussi vite que possible, et ce pour la santé des personnes vivant dans la région, ajoute Gabriela Das. »
MSF continue de demander au Comité Humanitaire de la « DPR » de réexaminer au plus vitesa décision de retirer l’accréditation de l’organisation afin qu’ellepuisse recommencer à offrir une aide médicale indispensable. MSF est l’une des seules organisations qui fournit, parmi d’autres médicaments essentiels, de l’insuline aux patients diabétiques et des produits d’hémodialyse pour prendre en charge les insuffisances rénales. Depuis le début du conflit en mai 2014, MSF a fait des donations de médicaments et de matériel à 170 structures médicales pour la prise en charge des blessés de guerre et des patients souffrant de maladies chroniques. MSF a en outre donné plus de 85 000 consultations en collaboration avec les autorités sanitaires locales dans 40 dispensaires mobiles, offrant ainsi des soins aux personnes vivant dans des zones d’où avaient fui médecins et infirmières et où les pharmacies étaient vides.