Quelles difficultés rencontrez-vous pour entrer en contact avec les personnes victimes d’agression sexuelle?
L'année dernière a été très difficile, avec notamment des pannes d'électricité et des coupures dans l'approvisionnement en eau. Les pressions quotidiennes sont trop importantes pour qu'une agression sexuelle soit reconnue comme une priorité - par rapport à des besoins immédiats et urgents, comme boire et se nourrir tous les jours, dans des conditions de plus en plus difficiles.
Les gens ne savent pas toujours qu'il existe des médicaments accessibles à Caracas, ni même que nous sommes présents pour leur en fournir gratuitement. Nous travaillons avec le personnel soignant et les autorités sanitaires afin que tous comprennent qu'une agression sexuelle est une urgence médicale. Nous avons ainsi constaté une augmentation du nombre d’agressions sexuelles enregistrées. En 2019, nous avons ainsi accompagné 233 victimes de violences sexuelles et réalisé plus de 2 000 consultations psychologiques.
Nos partenariats avec les associations locales et avec la police scientifique sont très importants. Nous les aidons à considérer ces cas comme des urgences médicales, ce qui évite que la victime ait, par exemple, à revivre son agression lors d'entretiens difficiles et traumatisants avec la police. Des personnes nous ont raconté qu’elles ont dû répondre à des questions du type « Que portiez-vous ? » ou des commentaires sur leur comportement...Comprendre et connaître l'importance du soutien psychologique dans les cas de violence sexuelle permet d’éviter que la victime se sente stigmatisée.