« Violence, désespoir et abandon sur la route migratoire » : MSF présente son rapport sur les migrations au Mexique et en Amérique centrale

Une docteure MSF visite un camp de migrants de Mexico. 2023.
Une docteure MSF visite un camp de migrants de Mexico. 2023.   © MSF

L’année 2023 a été marquée par un nombre record de personnes empruntant les routes menant de l’Amérique du Sud vers les Etats-Unis. Plus de 520 000 personnes ont ainsi traversé la jungle du Darién, qui sépare la Colombie du Panama, soit une augmentation de 109 % par rapport à 2022. Les équipes MSF, présentes en Amérique centrale et au Mexique, s’alarment des conditions de sécurité et d’accès aux soins des personnes en migration dans un rapport intitulé « Violence, désespoir et abandon sur la route de la migration » (disponible en anglais et en espagnol).

Les équipes MSF ont effectué plus de 67 000 consultations médicales et psychosociales au Honduras, au Guatemala et au Mexique en 2023. Elles ont recensé les atteintes à la santé et à la sécurité des personnes en migration, causées dans une large mesure par une législation discriminatoire qui rend le parcours plus difficile et plus risqué. Près de 60 % des personnes reçues en consultation par MSF sont originaires du Venezuela et 10 % d’Haïti, la deuxième nationalité la plus représentée. 

Un des éléments préoccupants qui ressort de ces analyses, dans un contexte d’accès aux soins insuffisant, est l’augmentation de la présence de familles entières sur les routes migratoires, et une hausse de 36 % en un an des enfants de moins de cinq ans pris en charge par MSF. De manière plus large, le rapport « Violence, désespoir et abandon sur la route de la migration » met en évidence les conséquences dévastatrices des pratiques et politiques en matière d’immigration sur la santé mentale et physique des migrants. 

De nombreux besoins fondamentaux ne sont pas satisfaits sur les routes migratoires, tels que l’accès à un abri, à la nourriture, à l’eau, à l’assainissement ou aux soins médicaux. Les équipes MSF ont également recueilli des témoignages et des données mettant en évidence de nombreuses violations des droits humains. 

En 2023, MSF a pris en charge 232 survivantes de violences sexuelles, une urgence médicale nécessitant des soins prioritaires et adaptés. Seuls 10 % des survivantes ont pu recevoir des soins dans les 72 heures suivant les violences, un délai primordial notamment pour la prévention des maladies sexuellement transmissibles. D'autre part, ces chiffres ne reflètent certainement pas la réalité de l’ampleur des violences sexuelles, en raison du phénomène de stigmatisation qui les entoure et qui pousse de nombreuses femmes à ne pas se signaler auprès d’équipes médicales. 

D’autre part, sur près de 3 800 consultations de santé mentale effectuées au Honduras, au Guatemala et au Mexique, 48 % des patients ont reçu un diagnostic de stress aigu, 12 % de dépression et 8 % de stress post-traumatique. Dans plus de la moitié des consultations de santé mentale, la violence est apparue comme le principal facteur d’atteinte émotionnelle, suivie par la séparation ou la perte d'un membre de la famille (32 %). 

L'analyse des données met également l'accent sur les maladies respiratoires et gastro-intestinales qui affectent les migrants tout au long de leur voyage, principalement au Honduras et au Guatemala. Des lacunes en matière de soins pour les maladies chroniques, comme le diabète ou l’hypertension, qui nécessitent une continuité de traitement, ont également été observées. 

MSF demande une réponse humanitaire et médicale adaptée dans la région et une meilleure protection des migrants. 

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