« Pour décrire le quotidien, il faut emprunter au vocabulaire de la guerre, raconte Stéphane Doyon, responsable des activités de MSF en Haïti. La capitale Port-au-Prince est traversée par plusieurs lignes de front. Des quartiers entiers sont sous la coupe de groupes armés aux territoires mouvants. Dans ces quartiers populaires souvent densément peuplés, les rues sont barricadées, et dans certaines zones, il y a des snipers qui tirent à vue. » Soumis à un niveau de violence inouï, les Haïtiens n’ont d’autre choix que d’abandonner leur domicile pour fuir les affrontements entre gangs. L’ONU estime à 18 000 le nombre de personnes déplacées, accueillies soit chez des proches, soit dans des sites peu adaptés, comme des écoles ou des églises. Ce phénomène a été récemment observé, l’intensité des combats ces dernières semaines ayant poussé la majorité à se réfugier loin de chez eux.
À Cité Soleil, la population se retrouve piégée par les conflits tandis que les principales voies d’accès à Port-au-Prince sont contrôlées par les gangs, entrer ou sortir est devenu compliqué. La criminalité globale, vols, extorsions, braquages ou kidnappings s’ajoute à ce climat de guerre : « Certains jours, nos équipes voient arriver jusqu’à 20 patients. En moyenne, plus de 60 % d'entre eux sont des victimes de blessures par balles ou par armes blanches » explique Stéphane Doyon. Dans d'autres structures à Port-au-Prince et aux Gonaïves, MSF continue de prendre en charge les victimes de violences sexuelles.