On voit des taux de malnutrition sévères très élevés, associés à une mortalité également très importante, comme nous l’avons vu par exemple en Éthiopie en 1984, au Soudan du Sud en 1998, en Angola en 2002 ou plus récemment dans certaines zones enclavées au nord du Nigeria en 2016. Ce n’est pas la situation que nous observons dans les projets où nous traitons des enfants souffrant de malnutrition, dans les gouvernorats de Hajjah, Ibb, Taiz, Amran et Saada. Et les données que nous recueillons dans les centres de santé que nous soutenons ne suggèrent pas l’existence de poches de famine dans ces zones, ou une famine imminente.
Sur quoi se basent ces alertes au risque de famine ?
Il faut bien comprendre qu’il est impossible aujourd’hui pour les acteurs humanitaires présents au Yémen d’avoir un aperçu global de la malnutrition à l’échelle du pays. Ni les agences onusiennes ni les ONG ne sont en capacité de mener des études nutritionnelles de grande ampleur qui permettraient d’avoir cet aperçu car elles n’ont pas accès à de nombreuses zones du pays, pour des raisons de sécurité, notamment à cause des bombardements et des combats, mais aussi pour des raisons administratives et politiques, l’accès à ces zones dépendant du bon vouloir des autorités locales. Il n’existe donc aucune donnée de qualité sur lesquelles on peut se baser pour annoncer une famine imminente au Yémen.