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Gaza : un rapport de MSF dénonce la campagne
de destruction totale menée par Israël

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Yémen : les civils pris au piège entre les frappes aériennes et les combats au sol

Mohammad Ahmed docteur de l'hôpital rural d'Abs. Yémen. Septembre 2017.
Mohammad Ahmed docteur de l'hôpital rural d'Abs. Yémen. Septembre 2017. © MSF

Gisela Vallès est responsable de l'équipe médicale de Médecins Sans Frontières (MSF) de l'hôpital d'Abs. Dans cette ville du nord du Yémen, l'intensification du conflit au cours des dernières semaines a provoqué de nouvelles vagues de déplacements de population.

Gisela Vallès détaille les défis et les obstacles rencontrés pour fournir une assistance à ces populations.

Comment le conflit affecte-t-il la population du district d'Abs?

L’hôpital d’Abs reçoit des blessés de guerre tous les jours. Entre août et septembre, nous avons reçu 362 blessés, soit une forte augmentation par rapport aux mois précédents. Ces 362 personnes représentent plus de 40 % de tous les blessés pris en charge par MSF en 2018 dans cet établissement. Beaucoup sont des civils pris au piège entre les frappes aériennes et les combats au sol entre les belligérants.

L'intensification des combats dans la région de Beni Hassan, à une cinquantaine de kilomètres d’Abs en direction de la frontière avec l'Arabie saoudite, a provoqué un nouveau déplacement massif de population. Depuis août, environ 20 000 personnes se sont installées dans d'autres zones de la région, venant s’ajouter à plusieurs milliers d'autres. Il est difficile de les localiser car il n'y a pas de camps officiels pour personnes déplacées. Elles sont dispersées sur une très grande zone. Certains groupes vivent sous des bâches en plastique qu’ils achètent ou qu’on leur a données. D'autres se sont mélangés avec la population locale. Ils vivent tous dans des conditions très précaires.

© MSF - Octobre 2018
© MSF - Octobre 2018

Ont-ils accès aux services de santé ?

La majorité de ces personnes n'a pas accès aux services de santé car, après plusieurs années de guerre, peu de centres de santé sont encore fonctionnels dans le district d'Abs. La plupart ne sont pas en état de marche, ou ne sont ouverts que quelques heures par jour, avec seulement une infirmière ou le personnel minimum, sans équipement médical adéquat et sans avoir touché de salaire depuis plus de deux ans.

Le système de santé ne peut pas répondre aux besoins des personnes déplacées et les équipes de Médecins Sans Frontières sont confrontées à de nombreuses restrictions d'accès qui les empêchent d’atteindre ces populations. Durant le mois de septembre, l’équipe mobile n’a pu se déplacer que sept fois alors qu’elle aurait pu le faire tous les jours.

Une infirmière MSF en consultation lors d'une clinique mobile dans le district d'Abs. Yémen. 2017
 © Gonzalo Martinez/MSF
Une infirmière MSF en consultation lors d'une clinique mobile dans le district d'Abs. Yémen. 2017 © Gonzalo Martinez/MSF

Par ailleurs, l’inflation a été très importante ces dernières semaines et les coûts des transports et du carburant ont beaucoup augmenté, ce qui empêche une bonne partie de la population de se rendre à l’hôpital d’Abs.

Il est donc important que les quelques acteurs médicaux qui soutiennent encore le ministère de la Santé sur le terrain obtiennent davantage d'accès pour répondre aux besoins de ces communautés déplacées et vulnérables.

Quelles sont les conséquences de cette situation ?

Une des choses qui me frappent, c'est de voir de nombreux patients, comme les femmes enceintes ou les enfants malades, arriver trop tard à l'hôpital pour être soignés.

Les femmes enceintes reçoivent rarement des soins prénatals durant leur grossesse, car ces services sont inexistants ou de mauvaise qualité en dehors de la ville d’Abs. Prodigués de manière appropriée, ces soins peuvent permettre d’éviter des complications susceptibles d’entraîner le décès de la mère.

Comment les équipes de MSF travaillent-elles pour agir à temps ?

Dans les zones où la sécurité et les autorités le permettent, nous avons un réseau d’agents de santé communautaires qui gèrent un système de référence pour les cas les plus graves. Actuellement, nous nous concentrons sur les zones qui reçoivent des personnes déplacées et dans lesquelles les services de santé les plus fondamentaux sont absents.

En septembre, 153 patients venus d'autres zones de la région ont été dirigés vers l'hôpital Abs, ce qui constitue une augmentation de 50 % par rapport au mois d’août, tandis qu’en juillet, la situation était stable. Si le conflit continue à s’intensifier, le nombre de patients référés à l’hôpital va augmenter dans les semaines qui viennent.

La situation peut-elle empirer ?

L'intensification des combats sape la capacité des ONG sur le terrain à fournir des secours, des services d'eau et d'assainissement, de la nourriture... Quant à la forte inflation, liée à la dévaluation rapide de la monnaie yéménite, et aux restrictions à l'importation, ils peuvent avoir un impact sur l'état nutritionnel de la population. Nous continuons à recevoir de nombreux cas de maladies facilement évitables telles que la diphtérie. La couverture vaccinale est de moins en moins bonne, à cause du conflit et de la détérioration du système de santé.

Notes

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