Yémen : la malnutrition sévère en augmentation à Abs dans le nord du pays

Des membres des équipes MSF en discussion devant l'hôpital d'Abs. Yémen. 2020.
Des membres des équipes MSF en discussion devant l'hôpital d'Abs. Yémen. 2020. © Pau Miranda/MSF

La malnutrition sévère est un problème récurrent au Yémen, qui s’est aggravé depuis l’entrée en guerre de la coalition menée par l’Arabie Saoudite en 2015 et l’effondrement de l’économie et du système de santé du pays. Cette année, à l’hôpital d’Abs, situé dans le nord du Yémen, les équipes MSF sont confrontées à des taux de malnutrition infantile particulièrement élevés. Muriel Boursier, cheffe de mission, témoigne de cette situation.

Hamdi n'a pas encore deux ans, mais c'est déjà la deuxième fois qu’il est admis à l'hôpital d’Abs géré par MSF dans le nord du Yémen. La première fois, il avait cinq mois. Aujourd'hui, il souffre de malnutrition sévère et d’une pneumonie. Ses paupières sont enflées, il tousse constamment et il a du mal à respirer.

Il fait partie de la centaine d'enfants que MSF a traités dans son centre de nutrition thérapeutique à Abs depuis le début de l'année. La plupart d'entre eux ont moins de cinq ans et tous souffrent de malnutrition sévère. Les équipes MSF sur place font habituellement face à un pic d’admission à cette période, mais cette année la situation est pire : les cas sont en hausse de 41 % par rapport à l’année dernière. 

Il y a de nombreuses raisons pour lesquelles nous prenons en charge des enfants souffrant de malnutrition à Abs, mais la plupart d'entre elles sont directement liées au conflit brutal qui sévit au Yémen depuis 2015. La guerre a décimé l'économie, détruisant les moyens de subsistance : les gens ne peuvent plus acheter de nourriture ou se procurer du carburant pour se déplacer, chercher du travail ou des soins médicaux. De nombreux employés du secteur public, y compris des travailleurs médicaux, n’ont pas été payés depuis des années. Les prix augmentent constamment. Depuis 2015, la guerre a causé la mort d’environ 233 000 personnes et provoqué le déplacement de millions de personnes, souvent plusieurs fois. Pourtant, la réponse humanitaire au Yémen est insuffisante et sous-financée. Elle manque également de continuité.

Vue de la route principale d'Abs. Yémen. 2020. 
 © Pau Miranda/MSF
Vue de la route principale d'Abs. Yémen. 2020.  © Pau Miranda/MSF

MSF travaille dans le district d'Abs depuis plus de cinq ans. Offrir des programmes de soutien nutritionnel plus cohérents et durables et améliorer l'accès à l'eau dans les camps de déplacés et dans les communautés d'accueil réduiraient le nombre d'enfants gravement malnutris arrivant à l'hôpital. Au lieu de cela, le nombre de patients que nous traitons dépasse souvent la capacité de notre service.

La malnutrition expose les enfants à une multitude de complications, qui peuvent être mortelles si elles ne sont pas prises en charge. La diarrhée, la rougeole et les infections respiratoires peuvent être traitées facilement, mais pour les enfants déjà affaiblis, et en l'absence d'accès rapide aux soins de santé, elles peuvent avoir des conséquences mortelles. 

Nous savons, parmi les milliers de patients que nous traitons chaque année à l’hôpital d’Abs, que l’histoire de Hamdi est malheureusement courante. Les enfants que nous soignons ont l'habitude d'entendre leurs parents s'inquiéter sans cesse de la situation économique : les pères partent pendant des jours à la recherche de travail, de carburant ou de nourriture. Les mères font tout ce qu'elles peuvent pour nourrir leur famille, et pourtant, malgré tous ces efforts, les enfants ont faim.

Notes

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