Le nombre de femmes souffrant de malnutrition modérée ou sévère a augmenté régulièrement au cours des deux dernières années. En 2021, 51 % des femmes admises en maternité à l’hôpital d’Abs souffraient de malnutrition, et 4 % souffraient de malnutrition aiguë sévère. En 2022, ces chiffres sont passés respectivement à 64 % et 6 %. En février 2024, 68 % des femmes admises à la maternité souffraient de malnutrition.
« Ces femmes courent un plus grand risque de complications pendant la grossesse et l'accouchement, explique le docteur Hilaire Pato. Leurs enfants risquent aussi de souffrir de malnutrition et il sera également plus difficile pour leurs mères d'allaiter leurs enfants. »
En 2023, 24 % des admissions dans le programme nutritionnel MSF d’Abs concernaient les enfants de moins de six mois. Afin de détecter les femmes et les enfants souffrant de malnutrition et d'éviter que leur état ne s'aggrave, des agents de santé communautaires de MSF font du porte-à-porte pour mesurer le périmètre brachial des enfants, des femmes enceintes ou qui ont accouché récemment. Tous ceux qui présentent des signes de malnutrition sont orientés vers le centre de santé disposant d’un programme nutritionnel le plus proche.
La crise de malnutrition au Yémen a de nombreuses causes sous-jacentes. Après plus d’une décennie de conflit et une crise économique persistante, de nombreuses personnes ont perdu leurs moyens de subsistance. Les taux d’inflation élevés ont diminué le pouvoir d’achat, et beaucoup de Yéménites ne peuvent donc plus se permettre d’acheter suffisamment à manger. La diminution des distributions d’aide alimentaire, notamment la suspension des distributions du Programme alimentaire mondial (PAM) dans le nord du Yémen, a exacerbé une situation déjà désastreuse.