Dans cette zone rurale de la côte ouest, des lignes de front sont actives au nord et à l'est. Les centres de santé y sont rares, mal équipés et le personnel y est peu qualifié. Pour se rendre à l'hôpital de Mocha, les habitantes de la région doivent faire jusqu'à trois heures de route, ce qui retarde les soins dont elles ont besoin.
« Au Yémen, les mères sont confrontées à de nombreux défis, dont la plupart sont liés à la guerre, qui entravent l'accès aux rares structures de santé encore existantes », explique Altaf Al Wahidi, sage-femme, à la maternité de MSF. « C'est pourquoi l'emplacement de cette maternité est si crucial, car il nous permet de desservir une grande partie de la population de la côte ouest.»
Sans un accès à des soins adéquats, ces femmes sont donc particulièrement exposées à des grossesses à risques. On estime que, dans le monde, 15 % des accouchements donneront lieu à des complications obstétricales, souvent fatales, si elles ne sont pas traitées à temps. Or ces risques sont facilement évitables grâce à un accès à des soins prénataux et postnataux réguliers.
Si les patientes parviennent à l’hôpital à temps, les complications dont elles souffrent peuvent être facilement traitées par le personnel soignant mais une première ligne de soins, plus proche du domicile des patientes, reste nécessaire pour une prise en charge plus précoce.
De nombreux facteurs empêchent les femmes de se rendre à l’hôpital de Mocha: les déplacements continus de populations en raison du conflit, les nombreux points de contrôle sur les routes, les conditions économiques désastreuses et la nécessité d'obtenir le consentement formel d'un membre masculin de la famille pour tout acte médical, y compris une césarienne. Les futures mères n'ont donc pas d'autre choix que d'accoucher dans des conditions dangereuses, au péril de leur vie et de celle de leur enfant.