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Zimbabwe : des technologies innovantes pour combattre le choléra et la fièvre typhoïde

MSF’s environmental health approach to fighting typhoid and cholera in Zimbabwe
Des femmes s’approvisionnent à un point d’eau dans le campement informel de Stoneridge, au sud de Harare. Le puits de forage fonctionne à l’énergie solaire. Il a été creusé par MSF, qui a également formé le centre de santé communautaire local pour l’entretien du site. © Samuel Sieber/MSF

Dans la capitale du Zimbabwe, Harare, les épidémies fréquentes de choléra et de fièvre typhoïde constituent un problème sanitaire majeur. Dans de nombreuses villes situées en périphérie, le réseau public d’eau potable est peu fiable et l'enjeu principal reste la qualité du forage des puits.  

Une entrée sombre et étroite mène aux dizaines d'appartements délabrés de Mbare, dans le sud de Harare. Des antennes paraboliques et des cordes à linge encombrent les façades des immeubles décrépis ; des petits groupes d’enfants jouent dans la cour, entre les flaques d’eau de pluie. Devant les bâtiments, des bennes saturées déversent leur contenu : des déchets ménagers et du plastique.

Aujourd’hui, plus de 20 000 personnes occupent ces appartements ; jusqu’à quatre familles entassées dans une seule pièce. Le manque de fiabilité de l’approvisionnement en eau potable, les canalisations bouchées et les fuites d’eau, ainsi que l’absence de service de ramassage des ordures, rendent les banlieues surpeuplées de Harare sujettes à des épidémies fréquentes de maladies d’origine hydrique, comme le choléra et la fièvre typhoïde.

La gestion des déchets reste complexe dans les zones densément peuplées, telles que Mbare. Or les déchets ménagers peuvent contaminer les eaux souterraines peu profondes et causer des épidémies de maladies diarrhéiques.
 © Samuel Sieber/MSF
La gestion des déchets reste complexe dans les zones densément peuplées, telles que Mbare. Or les déchets ménagers peuvent contaminer les eaux souterraines peu profondes et causer des épidémies de maladies diarrhéiques. © Samuel Sieber/MSF

« Nous sommes conscients que les égouts et les déchets représentent un risque pour notre santé, déclare Jane Masanga, habitante de l’un des bâtiments jouxtant l’amas de déchets et mère de trois enfants. Mais nous dépendons actuellement d’un seul puits de forage à pompe manuelle, juste à côté de la route. Nous n’avons aucun moyen de collecter ou de recycler nos déchets », ajoute-t-elle.

Une nouvelle technique de forage

Près de l’ancienne pompe manuelle située non loin de l’entrée principale, MSF creuse un nouveau puits avec l’aide d’une entreprise de forage locale. Les conduites seront reliées au point d’eau et des robinets mis en place.

« Nous creusons à 80 mètres de profondeur, et nous réalisons une étanchéification sanitaire que nous avons perfectionnée ces dernières années, afin d’éviter toute contamination provenant des déchets, des conduites d’égouts ou d’eaux souterraines peu profondes », explique Danish Malik, coordinateur MSF au sein du pôle régional de santé environnementale à Harare.

Des résultats significatifs

Depuis 2016, 50 points d’eau ont été réhabilités et 12 nouveaux forages creusés à l’aide de ces outils.

À chaque fois que cela est possible, un véhicule spécialement équipé est affrété à la restauration des forages existants, une solution souvent plus économique que d’en creuser de nouveaux. Pour les nouveaux forages tels que celui de Mbare, on utilise la technologie de localisation électromagnétique pour déterminer le meilleur emplacement.

Une plate-forme de forage mobile se déplace à proximité d'une zone densément peuplée de Mbare. La technologie d'implantation électromagnétique a été utilisée pour choisir l'emplacement du nouveau forage et celui-ci est creusé à l'aide d'un joint sanitaire pour éviter la contamination des eaux souterraines peu profondes.
 © Samuel Sieber/MSF
Une plate-forme de forage mobile se déplace à proximité d'une zone densément peuplée de Mbare. La technologie d'implantation électromagnétique a été utilisée pour choisir l'emplacement du nouveau forage et celui-ci est creusé à l'aide d'un joint sanitaire pour éviter la contamination des eaux souterraines peu profondes. © Samuel Sieber/MSF

Implication des communautés

Ce qui fait réellement la force de cet ensemble d’outils, ce sont les communautés des banlieues de Harare. Après un forage ou une réhabilitation, l’équipe de MSF forme un petit groupe de facilitateurs locaux pour établir et gérer un centre de santé communautaire. Ces centres de santé sont à même de gérer et d’entretenir le point d’eau de façon indépendante, d’assurer la qualité de l’eau et de transmettre des messages vitaux à leur communauté en ce qui concerne la santé et l’hygiène.

« Pour un dollar américain par mois, nous offrons de l’eau potable chaque jour à plus de 250 familles de notre quartier. Cette contribution nous permet également d’acheter la chlorine dont nous avons besoin pour entretenir la pompe et d’investir afin de rendre notre point d’eau accessible et sûr pour tout le monde », explique Nyarai Dzingai, membre du centre de santé communautaire de Kuwadzana, dans la banlieue ouest aux abords de Harare.

Ici, plusieurs forages ont été creusés et restaurés par MSF en 2017 en réponse à une épidémie de fièvre typhoïde, avec une concentration de cas déclarés autour d’anciens forages peu profonds et de puits creusés à la main.

Les centres contribuent également à transmettre des messages sanitaires importants concernant des affections mineures. « Il nous arrive aussi d’endosser le rôle d’infirmière et d’expliquer aux mères comment préparer des solutions à base de sel ou de sucre pour un enfant ou un mari souffrant de diarrhée », ajoute Nyarai.

L’approche participative est le principal levier de la réussite à long terme de ces centres de santé communautaires. « Nous formons et encourageons les centres à être autonomes dès le départ, afin qu’ils puissent poursuivre leur travail avec ou sans MSF », souligne Kudakwashe Sigobodhla, agent de promotion de la santé MSF. Harare compte actuellement plus de 70 centres de santé actifs, dont beaucoup ont réussi à investir dans une clôture supplémentaire.

Veille sanitaire et vaccination

Cette année, Nyarai et ses collègues du centre de santé de Kuwadzana recevront une formation supplémentaire à la surveillance communautaire. « Nous renforçons la capacité des centres de santé à alerter en cas de maladies diarrhéiques graves, précise Reinaldo Ortuño Gutierrez, coordinateur médical de MSF au Zimbabwe. En parallèle, nous soutenons une étude visant à évaluer l’efficacité d’un nouveau vaccin contre la typhoïde, un autre outil permettant de lutter contre les épidémies de cette maladie infectieuse hydrique. »

L’association d’éléments techniques, médicaux et d’autonomisation communautaire regroupés dans un kit évolutif, permet aussi d’améliorer les interventions liées à la santé environnementale au-delà des frontières du Zimbabwe. Au cours de l’année 2019, l’équipe de santé environnementale régionale de MSF et les organisations partenaires locales ont installé 19 points d’eau avec la participation de centres de santé au Malawi, et six autres au Mozambique.

L'eau courante coule désormais dans le campement informel de Stoneridge dans le sud de Harare. Après une épidémie de choléra, MSF a mis en place un forage solaire et sensibilisé le centre de santé communautaire local.
 © Samuel Sieber/MSF
L'eau courante coule désormais dans le campement informel de Stoneridge dans le sud de Harare. Après une épidémie de choléra, MSF a mis en place un forage solaire et sensibilisé le centre de santé communautaire local. © Samuel Sieber/MSF

MSF travaille sur un nouveau mode de gestion des déchets solides aux côtés d’entreprises locales, en achetant des matériaux recyclables auprès de communautés dans plusieurs points de collecte de Mbare. À Stoneridge – campement informel aux abords de Harare – Jojatis, une entreprise locale, vient d’équiper dix foyers d’un système décentralisé d’épuration et de recyclage des eaux usées ménagères à l’aide de vers de terre, dans le cadre d’un projet pilote.

« Nous testons ces innovations liées à la gestion des déchets avec la participation de partenaires de recherche locaux tels que l’Université du Zimbabwe. Une fois abouties, nous les inclurons dans notre ensemble d’outils en matière de santé environnementale et nous continuerons à les implémenter région par région », conclut Danish Malik.

Notes

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