« Malgré les températures hivernales, les gens nous disent qu'ils redoutent le soleil, explique l'un des responsables logistiques de MSF. Ils le considèrent comme un mauvais signe. Ils disent que les avions bombardent lorsque le ciel est dégagé, ils préfèrent donc les jours froids, nuageux et pluvieux. Les prévisions météorologiques pour les prochains jours annoncent du soleil ».
Plusieurs hôpitaux ont été bombardés et ont cessé leurs activités, notamment l'hôpital Maarat al Numan qui est le plus grand hôpital dans le sud de la province d'Idlib. D'autres hôpitaux ont été évacués parce que les combats se rapprochaient. Les hôpitaux situés plus au nord sont débordés et MSF a donné du matériel médical à certains d’entre eux pour faire face à l’augmentation de leur activité.
A mesure que des familles déplacées arrivaient par vagues, les équipes mobiles de MSF ont étendu leurs activités pour distribuer des couvertures et des blocs de combustible fabriqués localement, une équipe d'ingénieurs s’est impliquée pour creuser des latrines dans les zones où se concentrent les familles récemment arrivées, et les quantités d'eau potable fournies ont été augmentées.
Le camp de Deir Hassan, dans le district d’Ad Dana, comprend plusieurs sites où plus de 11 000 personnes sont arrivées au cours des trois dernières semaines. Ces nouveaux déplacés n'ont reçu qu'un petit kit de nourriture d'urgence, mais pas d'abri, ni d'appareils de chauffage. Une mère de quatre enfants a expliqué que sa famille et une autre famille de six personnes ont réuni tout leur argent pour acheter une tente car ils ne pouvaient pas laisser leurs enfants dehors par un froid pareil. La situation globalement est très précaire. Pour fournir des soins de santé primaire, une équipe mobile de MSF intervient dans le camp de Deir Hassan.
Plus à l'ouest, dans le district de Harem, une zone montagneuse du nord de la province d'Idlib, une équipe MSF a fourni, le 7 janvier, des secours à 52 familles qui venaient d’arriver. Elles avaient fui un camp de déplacés plus proche des lignes de front et pour certaines familles, c’était la troisième ou la quatrième fois qu'elles avaient dû fuir les violences. « Avec plus d'un million de personnes déplacées dans la région, le manque d'abris et la dépendance quasi-totale à l'aide sont des problèmes cruciaux, explique Cristian Reynders, coordinateur du projet MSF dans le nord Idlib. En plus, l'inflation des prix pour les produits alimentaires est telle que les gens, qui ont peu de possibilités de gagner de l’argent, s'endettent et deviennent au fil du temps totalement tributaires de l'aide ».