Les tirs ne sont pas le seul danger sur la route pour les personnes risquant le tout pour le tout pour fuir El-Geneina. Le 15 juin, vers midi, Salma*, 18 ans, et ses deux sœurs, tentaient d’échapper au chaos de la ville. Leur fuite a été brusquement interrompue par six hommes armés à bord d’un bus qui ont arraché Soadd* à ses sœurs terrifiées et l’ont violée. « Ils l'ont gardée un certain temps à l'intérieur, puis ils l'ont jetée hors du bus et sont partis. Ma sœur n'a que 15 ans », déclare Salma. Aujourd’hui, la vie de Soadd est encore en danger alors qu’elle reçoit des soins d’urgence à l’hôpital d’Adré. Les trois sœurs sont traumatisées par les violences qu'elles ont subies, mais sont aussi angoissées d'être séparées de leurs parents en cette période difficile. Elles n'ont plus de contact avec eux. Leur mère se trouve à Nyala et elles ne savent pas où est leur père.
Depuis près de deux mois, El-Geneina, la capitale de l'État du Darfour occidental, est en proie aux combats. Les affrontements qui ont éclaté le 15 avril entre les forces armées soudanaises (SAF) et les forces de soutien rapide (RSF) à Khartoum se sont étendus à d'autres états. Depuis, le conflit a dégénéré à El-Geneina, les violences intercommunautaires impliquant des jeunes des tribus Masalit et Arabes ayant jeté de l'huile sur le feu.
« Les violences se sont intensifiées, les gens vivent dans la peur constante d'être pris pour cibles », explique Konstantinos Psykakos, coordinateur de projet de MSF, qui revient d’Adré, près de la frontière avec la ville d'El-Geneina, où il a attendu pendant deux mois de pouvoir accéder à la ville, en vain.
Après être arrivés à l’hôpital d’Adré, au Tchad, les patients racontent des massacres, des déplacements de population massifs, des pillages, des femmes obligées de fuir seules avec leurs enfants, et des cadavres dans les rues.