Structures occupées par l'armée
Un établissement de santé sur cinq visité par les équipes MSF était occupé par des soldats. Dans certains cas, cette occupation a été temporaire, dans d'autres, elle se poursuivait au moment de la visite. À Mugulat, dans l'est du Tigré, des soldats érythréens utilisent toujours le centre de santé local en tant que structure militaire. L'hôpital d'Abiy Addi, dans le centre du Tigré, qui dessert une population d'un demi-million d'habitants, était, lui, occupé par les forces éthiopiennes jusqu'au début du mois de mars.
« L'armée a utilisé l'hôpital d'Abiy Addi comme base militaire et pour apporter les premiers soins à ses soldats blessés, explique Kate Nolan, coordinatrice d'urgence chez MSF. Pendant cette période, il n'était pas accessible à la population, qui devait se rendre au centre de santé de la ville, mais ce dernier n’est pas équipé pour fournir des soins médicaux complexes : il est impossible d’y faire des transfusions sanguines, par exemple, ou de traiter les blessures par balle. » Les pillages des structures de soins dans la région du Tigré se poursuivent. Si certains pillages ont pu être opportunistes, dans la plupart des zones visitées par MSF les centres de santé semblent avoir été délibérément vandalisés pour les rendre non fonctionnels. Ainsi à Debre Abay et May Kuhli dans le nord-ouest de la région, les équipes ont trouvé des équipements détruits, des portes et des fenêtres enfoncées, et des médicaments et des dossiers de patients éparpillés sur les sols.
À l'hôpital d'Adwa, au cœur de la région, des équipements médicaux, notamment des échographes et des moniteurs, ont été délibérément cassés. Dans la même zone, le centre de santé de Semema aurait été pillé deux fois par des soldats avant d'être incendié, tandis que le centre de santé de Sebeya a été touché par des roquettes qui ont détruit la salle d'accouchement.