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Haïti : MSF alerte sur le risque d’une catastrophe sanitaire à Port-au-Prince

David travaille comme agent de santé communautaire pour MSF et est maintenant déployé au centre de traitement du choléra de l'hôpital MSF de Cité Soleil. Depuis la résurgence du choléra, des dizaines d'infirmiers, d'hygiénistes et d'autres membres du personnel ont été embauchés pour répondre à l'urgence.
David travaille comme agent de santé communautaire pour MSF et est maintenant déployé au centre de traitement du choléra de l'hôpital MSF de Cité Soleil. Depuis la résurgence du choléra, des dizaines d'infirmiers, d'hygiénistes et d'autres membres du personnel ont été embauchés pour répondre à l'urgence. © MSF/Alexandre Marcou

Sur fond de violence chronique et d'une nouvelle pénurie de carburant qui paralyse le pays, la capitale haïtienne Port-au-Prince est confrontée à une situation sanitaire et humanitaire dramatique, alerte l’organisation Médecins Sans Frontières (MSF). Dans de nombreux quartiers, les habitants peinent à accéder à l’eau potable et à des soins de santé de base, alors même que le choléra, une maladie qui n’avait pas refait surface depuis plus de trois ans, resurgit à nouveau dans le pays.

« Nous avons reçu la semaine dernière dans notre hôpital MSF de Cité Soleil à Drouillard, une femme enceinte qui devait recevoir une césarienne en urgence. Nous avons tenté de la transférer dans une autre structure médicale capable de la prendre en charge, mais elle est décédée », explique le Dr. Luxamilda Jean-Louis, médecin chez MSF. « Que ce soit lié à l’insécurité sur les routes, ou aux structures de santé non fonctionnelles, ce genre d’événements arrivent quotidiennement à Port-au-Prince. Et la situation est tellement volatile qu’elle peut changer d’un jour à l’autre, voire d’une heure à l’autre. »

Depuis plusieurs jours, la grande majorité des hôpitaux qui dépendent, comme MSF, de groupes électrogènes nécessitant du carburant pour fonctionner, sont en effet contraints de réduire leurs services, et risquent de fermer leurs portes à cause des pénuries. « Nous faisons face à la même situation que les autres hôpitaux de Port-au-Prince, nous ne pourrons pas faire fonctionner nos structures médicales au-delà de quelques semaines si nous n’avons pas accès au carburant. Par ailleurs, du matériel médical, dont nous avons aussi besoin pour continuer de prendre en charge les cas de choléra et assurer des soins à la population, se trouve actuellement bloqué au port », explique Mumuza Muhindo, Responsable des activités de MSF en Haïti.

La réapparition du choléra, officiellement confirmée le 2 octobre, inquiète également les équipes de Médecins Sans Frontières. L’organisation reçoit une centaine de patients suspects tous les jours depuis la semaine dernière au sein des quatre centres de traitement installés dans les quartiers de Turgeau, Drouillard à Cité Soleil, Champ de Mars, et Carrefour, avec une capacité totale de 205 lits. « L’eau insalubre est l’un des principaux vecteurs de propagation du choléra, donc les conséquences d’un manque d’eau potable dans ce contexte de résurgence de la maladie sont désastreuses. Sans eau potable, sans traitement et sans une bonne gestion des déchets, le risque d’une flambée de la maladie est très important et il faut y procéder de toute urgence », raconte Auguste Ngantsélé, coordinateur médical chez MSF en Haïti.

Au-delà de l’accès à l’eau et de la mise en place de capacités de prise en charge, il faut aussi que la population puisse accéder aux structures de santé. Or, l’accès aux soins est un défi constant dans la capitale haïtienne, et il est souvent très compliqué de se rendre dans une structure de santé adaptée à ses besoins ; une réalité à laquelle MSF est quotidiennement confrontée dans ses activités de routine, que ce soit pour la prise en charge des patients traumatiques, des brûlés, des urgences vitales ou des survivantes de violence sexuelle.

Ces derniers jours, MSF a encore augmenté ses activités, en renforçant les capacités chirurgicales de certains de ses projets, en mettant en place une réponse au choléra sur le traitement, mais aussi sur la prévention des cas.

Depuis plus de trente ans, les équipes de MSF fournissent des soins médicaux gratuits en Haïti et gèrent actuellement 7 projets dans l’ensemble du pays, dans la capitale Port-au-Prince, dans le Sud et à Artibonite : prise en charge des urgences vitales, des cas traumatiques, des grands brûlés, des victimes de violence sexuelle, fourniture de soins reproductifs. MSF intervient également régulièrement lors de situations d’urgence, comme les catastrophes naturelles. En 2021, les équipes MSF ont mené 25 000 consultations aux urgences, soigné 3 220 personnes victimes de violences et aidé 1 560 survivantes de violences sexuelles.

Notes

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