L’Etat français ne peut ignorer la situation qui prévaut en Libye et les conséquences de cette livraison de bateaux destinés à intercepter réfugiés et migrants et à les ramener de force en Libye sur la vie et la sécurité de ces personnes : la France devient officiellement complice des atteintes commises à leur encontre.
Ces bateaux sont le symbole de l’externalisation vers la Libye des politiques européennes de contrôle des migrations. Depuis plusieurs années, nos associations et des instances internationales alertent régulièrement sur les conséquences de cette collaboration pour les droits des personnes migrantes et réfugiées qui sont piégées dans cet enfer. Les soutiens financiers et matériels des gouvernements européens aux garde-côtes libyens se sont accélérés ces dernières années, en échange de leur coopération en vue d’empêcher les réfugiés et les migrants d’atteindre les côtes européennes.
Liste des signataires : Amnesty International, Médecins sans Frontières France, le GISTI, ASGI, Migreurop, la Cimade, Avocats sans Frontières France, la Ligue des droits de l’homme.
Médecins Sans Frontières travaille depuis 2011 en Libye et mène depuis deux ans des programmes d’assistance humanitaire auprès des populations réfugiées et migrantes détenues dans des centres de détention libyens. Plus de 6,500 réfugiés et migrants sont actuellement arbitrairement détenus dans une quinzaine de centres de détention libyens officiellement sous l’autorité du Ministère de l’Intérieur. Parmi ces personnes détenues, environ 3,000 le sont dans des zones où se déroulent les combats en cours depuis le 4 avril ou à proximité. Bloquées, exposées aux tirs croisés, et avec un accès encore plus restreint que d’ordinaire à des besoins vitaux de base, elles doivent être évacuées de toute urgence hors du pays.