Liban : les frappes israéliennes entraînent la fermeture d’hôpitaux et entravent l’accès aux soins des civils

Clinique mobile MSF dans le centre-ville de Beyrouth, 2 octobre 2024
Clinique mobile MSF dans le centre-ville de Beyrouth, 2 octobre 2024 © Giacomo Vecchi/MSF

Alors que les attaques israéliennes s'intensifient au Liban, les établissements de santé situés dans les zones les plus touchées par les frappes aériennes sont contraints de fermer leurs portes, avec des conséquences désastreuses pour les civils.

Médecins Sans Frontières (MSF) a dû suspendre une partie de ses activités dans les zones les plus touchées par les bombardements, notamment sa clinique dans le camp palestinien de Burj el Barajneh, situé dans la banlieue sud de Beyrouth, ainsi que ses activités à Baalbek-Hermel, dans le nord-est du pays.

Dans ces régions, les patients les plus vulnérables, comme ceux atteints de maladies chroniques, se retrouvent privés d’accès à des services essentiels à cause de la fermeture des établissements médicaux. 

Au cours des deux dernières semaines, les frappes israéliennes ont causé la mort d'au moins cinquante membres du personnel paramédical. Depuis octobre 2023, plus d'une centaine de travailleurs de la santé ont été tués au Liban, selon le Ministère de la Santé publique[1].

Les bombardements intensifs de l'armée israélienne ont sévèrement perturbé l'accès aux soins médicaux dans tout le Liban. Selon le bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), au 1er octobre 2024, six hôpitaux et 40 centres de soins ont été contraints de fermer car l'intensité des combats menace la sécurité du personnel et des patients[2].

« Compte tenu des violences, des routes endommagées par les combats et de l'absence de garanties de sécurité, nous sommes actuellement dans l'incapacité d'atteindre les zones les plus touchées au Liban, malgré l'augmentation des besoins médicaux et humanitaires », explique François Zamparini, coordinateur des urgences pour MSF au Liban. 

Les équipes de MSF travaillent sans relâche pour assurer la continuité des soins dans les structures existantes, tout en développant leurs activités pour répondre aux besoins émergents. Elles ne parviennent pas à travailler dans des conditions correctes dans le sud du Liban en raison de l'absence de garanties de sécurité pour le personnel médical.  

« L'un des hôpitaux que nous avions prévu de soutenir et auquel nous avions fait don de médicaments et de kits de traumatologie, à Nabatiyeh, à seulement quelques kilomètres des lignes de front, a été touché le 5 octobre », continue François Zamparini. Une équipe médicale mobile de MSF, qui soutenait activement les centres de médecine générale à Nabatiyeh et dans d'autres zones proches de la frontière libanaise depuis novembre 2023, a également été contrainte de cesser ses activités.

« Cette semaine, nous avons partiellement rouvert notre clinique à Hermel pour nous assurer que les patients reçoivent leurs médicaments, précise le coordinateur des urgences de MSF. Nous leur avons fourni un stock de deux à trois mois de médicaments essentiels, en fonction de la gravité de leur état et des risques médicaux. »

Le conflit armé aggrave la crise humanitaire en cours et les besoins existants au Liban, dont le système de santé était déjà mis à rude épreuve par la crise économique que traverse le pays. Les déplacements de population dépassent largement la capacité à fournir des abris adéquats, avec plus d'un million de personnes déplacées selon le HCR[3]. La majorité des abris dans lesquels les gens se réfugient sont dans des conditions désastreuses.

Pour répondre aux besoins sur place, MSF a déployé 12 équipes médicales mobiles dans différentes régions du pays, notamment à Beyrouth, au Mont-Liban, à Saïda, à Tripoli, dans la Bekaa et au Akkar. Elles fournissent une aide psychologique d’urgence, des consultations de médecine générale, des médicaments et un soutien en santé mentale. MSF distribue également des biens essentiels tels que des couvertures, des matelas et des kits d'hygiène, ainsi que de l'eau par camions-citernes dans les écoles et les abris où se sont rassemblées des personnes déplacées.

L'association a également fait don de carburant et de kits de traumatologie à plusieurs hôpitaux. Dix tonnes de fournitures médicales ont été prépositionnées et plus de 100 travailleurs médicaux ont été formés aux soins de traumatologie et à la gestion des afflux massifs de blessés. 


[1] Health workers in Lebanon describe deadly Israeli attacks on colleagues and fear more | AP News

[2] https://www.unocha.org/news/todays-top-news-lebanon-occupied-palestinian-territory-and-israel-syria-haiti-ukraine-eastern

[3] UNHCR’s Grandi appeals for urgent humanitarian support and an end to the bloodshed in Lebanon | UNHCR

Notes

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