Offensive israélienne au Liban : déplacements massifs et besoins humanitaires urgents

Distribution de produits non alimentaires à Beyrouth, près d'un abri occupé par des personnes déplacées. 2 octobre 2024.
Distribution de produits non alimentaires à Beyrouth, près d'un abri occupé par des personnes déplacées. 2 octobre 2024. © Maryam Srour/MSF

Près de 1 300 personnes ont été tuées entre le 16 septembre et le 1ᵉʳ octobre au Liban, depuis l’intensification des attaques israéliennes. Plus d’un million de personnes ont fui leur foyer et beaucoup peinent à accéder à des biens ou services de première nécessité. Médecins Sans Frontières a intensifié sa réponse d’urgence et mobilisé des équipes dans tout le pays pour fournir un soutien médical et psychosocial aux personnes déplacées. 

Lundi 23 septembre, aux premières heures de la matinée, l'armée israélienne a lancé une opération militaire de grande envergure, ciblant des dizaines de villes dans des gouvernorats du Liban, notamment le Sud-Liban, Nabatieh, Baalbek-Hermel et les banlieues sud densément peuplées de Beyrouth. De nouveaux bombardements le 27 septembre ont entraîné des déplacements massifs de population dans ces zones, ainsi que dans certaines parties du gouvernorat du Mont-Liban.

Au Liban, il existe actuellement 875 abris pour personnes déplacées, dont plus de 70 % sont déjà remplis, selon les autorités nationales. La plupart des déplacés ont un besoin urgent d'aide. « Les familles fuient leurs foyers en quête de sécurité. Beaucoup d’entre elles cherchent refuge dans des abris mal préparés et surpeuplés, explique la Dr Luna Hammad, coordinatrice médicale de MSF au Liban. Les personnes déplacées sont très vulnérables – enfants, femmes, personnes âgées et personnes handicapées physiques – et vivent dans des conditions terribles, avec un accès limité à l’eau potable, à l’assainissement et aux services de santé de base. Les besoins sont énormes. » 

Intervention MSF

En réponse à la situation désastreuse, MSF a intensifié sa réponse d’urgence et envoyé diverses équipes médicales mobiles, comprenant des médecins, des infirmières, des psychologues, des conseillers et des promoteurs de santé, dans les écoles et autres abris à travers le pays. Ces équipes ont déjà fourni plus de 1 780 consultations médicales générales au cours de la semaine dernière et continuent de fournir une assistance aux personnes et aux familles déplacées. D’autres équipes sont en route pour atteindre les zones qui ont besoin d’aide.

 

© Moises Saman/Magnum Photos

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En outre, MSF fait don de produits essentiels tels que des matelas, des couvertures et des kits d’hygiène aux familles déplacées dans des lieux comme Saida, Tripoli et plusieurs sites à Beyrouth et au Mont-Liban. Les équipes MSF distribuent également des repas et de l’eau potable aux abris de Beyrouth et du Mont-Liban afin de garantir un accès à l’hygiène dans des structures qui ne sont souvent pas prévues pour l’hébergement.  

« Mes enfants me disent qu’ils préféreraient mourir sous les bombardements que de vivre comme ça. L’école a tremblé toute la nuit. Nous nous considérons en sécurité ici pour l’instant, mais que se passera-t-il si Israël décide de cibler les écoles ? », explique Alia*. 

Pour soutenir les structures de santé, MSF a déjà prépositionné plus de 10 tonnes de matériel médical dans les hôpitaux depuis novembre 2023. L'association a également envoyé une unité médicale mobile pour fournir des soins de santé primaires, des premiers secours psychologiques et des services de promotion de la santé aux communautés déplacées et affectées dans le sud du Liban. Les équipes MSF ont également organisé une formation à la préparation aux urgences massives pour 117 professionnels dans les hôpitaux du pays.

Communautés déplacées

À Baalbek-Hermel, où MSF mène un projet depuis plus de 13 ans avec deux cliniques de soins de santé primaires, la récente escalade de violence a forcé la fermeture d'une d’entre elles en raison de bombardements massifs, tandis que la clinique d'Arsal a continué de fonctionner de manière limitée. Malgré les conditions difficiles, les équipes MSF ont fourni des médicaments essentiels aux patients atteints de maladies chroniques, dans le but de constituer un stock pour deux mois. Beaucoup d'employés de l’association dans le gouvernorat, comme des milliers d'autres à travers le pays, sont toujours dans des abris et tentent de se protéger des frappes aériennes. La clinique MSF de Burj al Barajneh, au sud de Beyrouth, a également été fermée en raison des bombardements. 

Des équipes médicales mobiles MSF sur le terrain à Beyrouth, au Mont-Liban et Tripoli accueillent des patients atteints de maladies chroniques qui ont fui leur domicile sans leurs médicaments et n'ont pas pu accéder aux soins depuis plusieurs jours. « Beaucoup des personnes déplacées sont des enfants, ajoute la Dr Hammad, qui souffrent du traumatisme causé par la violence, la peur des bombardements et la perte de leur maison. » 

Les équipes de santé mentale de MSF constatent d'immenses besoins en matière de soutien psychologique et psychosocial. Les psychologues et conseillers MSF fournissent des premiers soins psychologiques aux personnes déplacées, tandis que les lignes d'assistance en santé mentale mises en place par MSF reçoivent plus de 100 appels par jour de personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale croissants dans un contexte de peur et de déplacement. 

Protection

MSF est très préoccupée par la campagne de bombardements en cours, dont une grande partie cible des zones urbaines densément peuplées. L'association demande urgemment la protection des civils, du personnel de santé, des structures médicales et des ambulances. Selon l'OMS et le ministère de la Santé publique, plus de 50 professionnels de santé ont été tués dans les affrontements depuis octobre dernier. De nombreux membres du personnel de MSF au Liban sont eux-mêmes déplacés. Certains ont perdu des proches ou des membres de leur famille ont été blessés. 

« Nous avons risqué notre vie pour sortir de chez nous », explique Jabine, une femme qui a fui Jibsheet, dans le sud du Liban, et qui se réfugie désormais dans des bureaux abandonnés près du centre-ville de Beyrouth. Elle fait partie des 3 500 personnes qui s'abritent actuellement dans ces structures, où jusqu'à 30 personnes partagent une seule salle de bain, et beaucoup attendent toujours qu'on leur attribue une chambre. La plupart des abris dans lesquels les gens résident sont des structures abandonnées ou des écoles de fortune dépourvues d'équipements, et certains n'ont ni portes ni fenêtres. 

La crise actuelle exerce une pression énorme sur les capacités de santé et de réponse humanitaire du Liban, déjà mises à rude épreuve par des années de crise économique. Alors que de nombreuses personnes vivent toujours dans les rues ou même sur la plage de Beyrouth, les besoins humanitaires continuent de croître. À l'approche de l'hiver, les conditions difficiles mettent ces personnes encore plus en danger.  

* Le prénom a été modifié pour préserver l’anonymat du témoin. 

Notes

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