Dans le centre de détention d'Al-Mabani, les hangars et les cellules étaient tellement surpeuplés que les hommes étaient obligés de rester debout. À l'extérieur des cellules, des centaines de femmes et d'enfants étaient détenus en plein air. Des hommes ont confié à MSF ne pas avoir mangé depuis trois jours, tandis que plusieurs femmes ont dit n’avoir reçu qu’un morceau de pain et de fromage par jour. Plusieurs hommes étaient inconscients et nécessitaient une attention médicale urgente.
A Al-Mabani, les gardes sont intervenus violemment pour intercepter un groupe de détenus qui tentait de s’échapper. L’équipe de MSF présente sur place a entendu deux tirs d'armes lourdes à très courte distance et a assisté au passage à tabac d'un groupe d'hommes, qui ont ensuite été forcés à monter dans des véhicules et conduits vers une destination inconnue.
Dans ces conditions très tendues et avec un temps de visite sévèrement limité, les équipes MSF ont traité 161 patients, dont trois pour des blessures liées à la violence. Elles ont également facilité le transfert de 21 patients nécessitant des soins médicaux spécialisés vers des cliniques soutenues par MSF à Tripoli.
MSF a récemment repris ses activités médicales dans les centres de détention de Shara Zawiya, Al-Mabani et Abu Salim à Tripoli, après presque trois mois de suspension suite à des incidents et des violences répétés contre les migrants et les réfugiés détenus dans ces installations. La reprise du travail de MSF était conditionnée à l’assurance que certaines conditions de base seraient respectées. « Cet accord conclu avec les autorités gérant les centres a été clairement violé, au vu des conditions de détention actuelles » dénonce Ellen van der Velden.